Telle est la question qui obsède Carl Seltz, enquêteur en assurances dont la pénible journée de travail finit par une désagréable surprise : sa peau ne recouvre ni chair ni organes, mais une armature métallique qui porte même la marque du constructeur !
Carl, pourtant, n’en démord pas : il est bien un « type ordinaire », que sa femme attend à la maison malgré l’heure tardive.
Et il est prêt à tout pour le prouver, quitte à entrer dans une rage violente, très violente…
Et il advient que ce court comics se termine comme il a commencé…
Enfin à peu près. L’ultra-violence ne faiblit pas mais s’enrichit tout de même d’une exposition – sommaire mais néanmoins informative – sur l’ensemble des tenants et des aboutissants de cette intrigue qui ne se complexifie pas franchement plus en comparaison du premier tome ; du reste, le quatrième de couverture reproduit ci-dessus en italique devrait vous permettre de saisir assez facilement – au moins dans les grandes lignes – en quoi ce récit consiste, l’histoire complète n’étant pas vraiment plus élaborée au final.
Un tel truisme, pour le moins éculé dans le thème des robots, et sur lequel cette série est entièrement bâtie, ne parvient bien sûr pas à relever le niveau de l’ensemble – même en tenant compte des allures un peu dickiennes du postulat de base. Car à aucun moment ce récit pousse l’un ou l’autre de ces aspects vers le niveau supérieur de questionnement. Tout au plus peut-on éventuellement y trouver une sorte de satire de la société de consommation qui fait de nous des machines programmées par les réclames et les marques.
Hélas, même le développement de ce thème reste ici vague ou à tout le moins confus (1), de sorte qu’il ne reste plus au final qu’une expérimentation graphique dont les limites se montrent assez vite – opinion que j’ai eu l’occasion d’expliquer dans la chronique du premier volume.
À vous de voir si aussi peu mérite vos deniers…
(1) au contraire d’un 99 francs, par exemple, qui non seulement propose une expérimentation sur le plan littéraire mais présente aussi une dénonciation imparable de la publicité à travers une satire de son univers.
Note :
À la page 17, la sixième case de cette planche montre un clin d’œil à une autre série de Frank Miller, illustrée par Dave Gibbons : Liberty – Un Rêve Américain, publiée chez Zenda de 1990 à 1991 ; au moins un autre élément narratif de ce second tome pousse d’ailleurs à penser qu’Hard Boiled se situe dans le même univers que celui de Liberty.
Hard Boiled t.2, Geof Darrow, Claude Legris & Frank Miller, 1992
Delcourt, collection Neopolis, mars 1992
72 pages, env. 45 € (occasions seulement), ISBN : 2-90618-773-9
- chronique du tome 1
- la fiche de la série chez Delcourt (édition intégrale)