Avant que les différents spécialistes ne se déchirent sur la composition et la tactique des seize équipes, je vous propose un aperçu par un non spécialiste des phases finales en présentant les huitièmes de finale et les perspectives pour les tours suivants.
Samedi 26 juin.
Les quatre équipes qui se retrouvent ce samedi ont une chance presque unique : une large avenue vers les demi-finales. En effet, aucune des quatre n’était mentionnée comme favorite, éventuellement comme huitième de finaliste mais en aucun cas un demi-finaliste. Il y aura donc de la fraîcheur dans le carré final. D’autre part, l’absence d’équipe européenne dans ce tableau traduit aussi une mondialisation croissante du football : quatre pays, quatre zones continentales.
Uruguay-Corée du Sud.
Match tactiquement intéressant. Les Uruguayens sont en train de réussir leur meilleur parcours depuis 1970, en abandonnant leur tradition bouchère pour un jeu plus conforme à la réputation de leur continent. Contre une équipe sud-coréenne bien disciplinée, je ne pense pas que la meilleure stratégie sera d’attendre les tirs au buts en jouant le risque zéro. Les Uruguayens n’en prendront pas beaucoup mais c’est à mon avis un danger plus important.
Quant aux Coréens, ils voudront démontrer que leur parcours de 2002 n’était pas dû qu’à un arbitrage favorable ou à des suspicions. Ils participent systématiquement au Mondial depuis 1986. Leur présence à ce stade de la compétition est une demi-surprise mais s’ils vont en quarts, on pourra véritablement parler de surprise, même s’il peut s’agir d’une confirmation d’une demi-finale disputée il y a huit ans. En tout cas, le football asiatique progresse un peu plus.
Etats-Unis - Ghana
Le Ghana est le rescapé du naufrage africain de ce Mondial. Il y aura beaucoup de choses à dire sur cet échec global. Les Ghanéens ont une chance unique : ils peuvent quand même représenter le continent organisateur très loin. Il leur faudra cependant être un peu plus efficace devant le but et inverser une courbe des résultats pas très positive (victoire, nul, défaite).
En face, les Etats-Unis se sont qualifiés en remportant un groupe promis à l’Angleterre. Et pourtant, les Yankees se sont vus refuser deux buts qui auraient pu les exclure des phases finales. On peut gloser sur le niveau de la MLS, celui-ci progresse. Les Etats-Unis cumulent les progrès dans le jeu avec une envie de se faire reconnaître autant à l’échelle planétaire qu’à l’échelle nationale. Le soccer est en développement avec l’expansion de la MLS. Un bon résultat au Mondial pourrait accélérer ce développement, en tout cas la reconnaissance. Je les donne favoris contre les Ghanéens.
Mes pronostics incompétents : victoires de l’Uruguay et des Etats-Unis.
Dimanche 27 juin.
Cette branche du tableau est très sélecte : trois champions du monde (6 Coupes du Monde au total) et une purge majeure dans la partie la plus dure du dit tableau. Des classiques.
Allemagne – Angleterre
Un gros tombera dans ce classique du Mondial. Chose étonnante, aucun match ne s’est achevé dans le temps réglementaire entre ces deux équipes (la seule fois en phase finale de championnat c’était en 2000 avec 1-1). On parle de malédiction anglaise, incapable de vaincre la Mannschaft depuis la victoire controversée de 1966.
Et au vu de ce que j’ai pu lire, l’équipe anglaise ne pratique pas un jeu des plus intéressants. Capello c’est bien mais quand on n’a pas de gardien, pas d’attaquant (ou en forme), qu’on a du mal à faire jouer un carré magique, c’est difficile. Mais les Anglais restent les Anglais.
En face, l’Allemagne sera favorite. Et pourtant, elle perd ses joueurs créateurs du milieu de terrain. Mais la Mannschaft est une formidable machine en compétition et risque encore de démontrer le « théorème de Lineker ». En tout cas, c’est une des deux affiches de ce huitième et celle de ce week-end.
Argentine-Mexique
Il y a 4 ans, les Argentins devaient recourir au but en or pour se qualifier contre le Mexique, avant de perdre aux tirs au but contre l’Allemagne. La sélection dextra-rioplatense a laissé une forte impression dans le premier tour mais tiendra-t-elle le coup ? Contre le Mexique, cela devrait passer dans un match où on attend du jeu entre deux équipes pas tournées vers la défense à outrance.
L’atout argentin peut venir de Messi. Celui-ci n’a pas encore marqué et il pourrait réserver son quota de buts aux matches décisifs. Ailleurs, l’équipe est sacrément talentueuse en dépit d’un sélectionneur plus gourou que réellement d’une grande compétence technique reconnue pour le poste. Mais un sélectionneur n’est pas un entraineur, c’est pour ça que ça marche.
Le Mexique n’a rien à perdre et c’est la raison de vivre de cette formation. J’ai cependant du mal à croire à un exploit des mexicains en dépit du talent global de l’équipe. L’absence d’une culture de la victoire, du « clutch win » risque de pénaliser les Mexicains, qui cumulent les qualifications au premier tour mais ne franchissent jamais les étapes suivantes jusqu’au dernier carré.
Mes pronostics : victoire de l’Allemagne et de l’Argentine.