Etat chronique de poésie 927

Publié le 26 juin 2010 par Xavierlaine081

927

Les nuées dispersées

Reste la place au doute

*

Survivre quand il ne reste plus rien

Plus de grain à moudre

Plus d’horizon à découvrir sans sacrifier à l’essentiel

*

Vie sacrifiée

Entre deux mots

Entre deux maux

Aux caprices planétaires

Humains déserteurs

*

Puiser au puits des volontés

L’ultime transgression des frontières

Abolition des privilèges liés au temps

Au petit bonheur de la chance

Aux filiations hasardeuses

*

Un enfant porté sur les fonds baptismaux

Parents aux yeux fermés sur les dérives

Gouvernail verrouillé au grand large

Nul indice de cruauté

Pourtant

*

C’est dans le flamboiement

D’une grappe blanche et fleurie

A l’extrême d’une branche marronière

Détachée dans l’azur bleu de nos indifférences pâles

C’est ici

Donc

Que règne l’absurde et le divin

Juste avant de s’allonger au divan

Qu’une accorte divine ouvre

En ses salons d’oubli

*

Qu’une larme roule encore aux joues

C’est jour de faiblesse et d’errance

Entre deux tarmacs solitaires

*

Réduits à des chiffres

Contraints à des chiffes

Nulle révolte ne point

Aux poings rageurs

Terrés en poches cousues

*

Mots crevés au gosier sec du monde

Source tarie aux abords des bordels

Femmes et gosses trahis en longues cohortes d’ignorance

Notre soifest si grande

Pourtant

*

Nous pilotons au jugé

Entre deux tours d’aiguilleurs dépourvus de tous cieux

Tanguons un moment entre deux ailes ouvertes

Des papillons multicolores

Strient le ciel de leurs parachutes ouverts

*

Vie agrémentée de ces riens

Jamais ne touchent à l’essentiel de l’âme

Depuis si longtemps murée en silence complice

*

Dure est la chute aux champs du déshonneur

Le mirage des bourses repliées et frileuses

Se confond en vagues de misère

*

La pacotille sonore et trébuchante

Choit derrière les grilles et les miradors

Couvrant d’un fleuve de cliquetis dorés

Le cri des sacrifiés

A l’autel du commerce inéquitable

*

Les nouveaux dieux ont leur panthéon propre

Jamais ils ne se mêlent à la foule en loques

Ils se prélassent en vaines promesses

Dans l’attente d’un suffrage

Aveuglément accordé

*

Les rois de ce monde sont démocratiquement élus

Des tribus les soutiennent

Taillant dans le vif de la vie

A grands coups de machettes jubilatoires

Le sang gicle sur l’œil obscène des caméras lubriques

Un silence pesant ensemence ce temps

D’hommes et de femmes déchirés

D’enfants affamés

*

De leurs carrosses

Une main se tend

Jette quelques miettes

Aux sébiles sans clameur

*

Rien de pire que misère indigne

Rien de pire que l’illusion d’être

Autre pendant de l’avoir

*

C’est à un sursaut de vie

Que nous aimerions boire

Frêle beauté drapée d’espérance

Entre deux chuchotements

Amour et paix s’étendent aux ombrages

Attendant l’heure de l’ultime clameur

*

Nulle vie ne s’achète ou se vend

C’est vivre dont nous avons faim

Vivre sans limite et sans couvercle

Vivre à mains nues

A corps découvert

A cœur ouvert

*

Si fragile parcelle lentement ensemencée

De pères en fils

De mères en filles

Et inversement si bonheur s’y trouve

*

Paroles mûrement lancées

En nuées martinières

.

L’aurore nous invite

Ma mie

A cultiver les battements secrets

D’intense fraternité

.

Manosque, 15 mai 2010

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