Jeudi matin alors que la grève faisait rage, avec la400 on a voulu soutenir la défense de la retraite à 50 ans en s’offrant un moment de détente dans un hammam.
Je m’étais déjà accordée une ou deux fois un bain de vapeur, comme ça pour le fun (notamment à la Rochevilaine, le pays des vraies vilaines) mais jamais les soins qui vont avec.
Faisant valoir son droit d’aînesses (elle est comme ça) la 400 a commencé par m’expliquer que dans ce genre d’endroit, souvent, on prenait le risque de chopper toutes les variantes possibles de mycose et aussi la ch’touille mais qu’avec du bol, on pouvait éviter la syphilis. Ça m’a mise en confiance tout de suite, t’imagine bien.
Comme je semblais encore vaillante, elle a ajouté « tu vas voir, tu vas avoir des gros lambeaux de peau qui vont partir quand on te fera le gommage ».
Et juste après, elle m’a expliqué que de toute façon, pour éviter les problèmes de contaminations pas nettes, il fallait éviter les bains à remous. Ça m’allait bien parce que je venais déjà de vomir mon petit-déjeuner à cause de l’histoire des lambeaux de peau donc les remous n’auraient rien arrangé, je pense.
En arrivant, bien évidemment on a inspecté les lieux l’air de rien pendant que la dame nous accueillait.
1/ nous étions les seules dans l’endroit et, à part l’impression de privilège que cela confère, on s’est dit que personne n’avait encore dû avoir le temps de semer ses bacilles un peu partout.
2/ Les lieux semblent clean et plutôt bien entretenus (et pourtant, j’en ai vu des choses pas ragoutantes, et notamment dans des relais-châteaux)
Pas trop le temps de faire un relevé d’échantillon qu’on nous expédie direct en salle de sudation extrême (le hammam, quoi). Histoire de ramollir nos jeunes peaux très fermes et très élastiques.
Comme on est des vraies rebelles, on a voulu resquiller sur le temps de sudation en question mais les dames sont restées inflexibles.
C’est après que les choses vraiment sérieuses ont commencé
D’abord, une épreuve qui ne parlera qu’à peu d’entre vous. Moi, ch’uis p’tite. Alors dès qu’il s’agit de me jucher sur un objet dont la hauteur est supérieure à ma taille de guêpe, il me faut un marchepied. (les mauvaises langues prétendent une échelle, mais c’est faux)
Là, les dames avaient prévu le coup. Sauf qu’entre la chaleur un chouilla étourdissante du dernier bain de vapeur et le glissant du savon noir sur le granit, j’ai dû me concentrer très fort pour ne pas hurler « j’vais tomber, j’vais tomber » et effectivement m’allonger sur la table de tout mon long sans glisser comme une crêpe dans une poêle qu’on aurait trop beurrée.
Et à partir de ce moment-là, il n’y avait plus qu’à s’en remettre aux mains expertes. Jets d’eau, gommage à te faire croire que tu avais cent ans de crasse sur toi.
Bon, j’ai vécu un moment plus difficile lorsque la dame s’est occupée de mes pieds, rapport que je suis ultra chatouilleuse et qu’il a fallu que je me contrôle pour ne pas me tortiller dans tous les sens.
Après tout ça, petit jet, coup de savon d’Alep pour bien tout purifier et hydrater, lavage des cheveux et long massage plus qu’énergique de la nuque et des omoplates. Plus qu’énergique est important, parce que je me suis crispée et que la dame voulait justement le contraire : « détendez-vous, madame, c’est fait pour ça », qu’elle m’a dit. J’voudrais bien t’y voir, alors que t’es à oilp sur un table plutôt lisse et que tu sens que tu disposes de tellement peu d’adhérence à la surface que le moindre faux mouvement pourrait te faire valdinguer à l’autre bout de la pièce, comme ça, swwwwwift.
Son savoir faire plein de force tranquille a eu raison de ma résistance, j’ai vite fini par sentir à que les muscles tout noués de la nuque se détendaient et moi aussi par la même occasion.
Massage au terme duquel, on nous a rincées gentiment puis redonné nos peignoirs avant de nous proposer de boire une citronnade (et ça tombait bien parce que j’avais drôlement soif, après toutes ces aventures)
Et là, on a pu se regarder en souriant bêtement, avec la400. « t’as pris un coup de jeune comme si t’avais fait un lifting » qu’elle me dit. « Toi t’as toujours l’air jeune quoi que tu fasse, mas chérie », que je lui réponds
Et de fait, je sais pas si c’est le cas, mais je me sens indéniablement bien, plus légère, plus nette, plus sereine et détendue.
On discute, buvons nos orangeades, puis nos thés la menthe, tout en papotant tranquillement (je vous dirai pas de quoi, c’est private).
En ce qui me concerne, je suis ressortie de là d’une humeur enchantée, limite sur mon nuage et gaie comme un pinçon pour le reste de la journée.
Juste avant d'aller travailler, c'est divin mais je pense que ça vaut le coup après aussi...
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