Hier après-midi, à Nancy, je n’ai jamais vu une telle mobilisation depuis bien longtemps : 1995 pour être précis, à l’époque du CPE. Il y en avait pour tous les gouts et les couleurs, des bleus (et oui, c’était la CFTC !), des rouges, des roses, des oranges, des verts et blancs… La rue Saint-Dizier était noire de monde jusqu’à la Place Stanislas. Du jamais vu. (Photos à l’appui… que vous ferai partager quand je pourrai techniquement parlant).
Pourtant, quand je suis rentré le soir, et que je suis allé jeter un coup d’œil sur Google actualités, histoire de mesurer la température, quelle ne fut pas ma surprise (suis-je naïf…) de voir les titres concernant cet événement : on y parlait de succès relatif ou de mobilisation en demi-teinte… Manchettes corrigées une heure plus tard par des mots plus soutenus correspondant davantage à la réalité de mon vécu, comme « la mobilisation prend de l’ampleur» ou…. « pari réussi pour les syndicats ». Tour de passe-passe médiatique qui en dit long sur le traitement de l’information, son objectivité, sa déontologie…
Toutefois, comme d’autres, j’ai eu la surprise d’entendre cette chère Jocaste de Fillon prétendre que nous n’étions pas si nombreux que cela (il aurait dû revisiter son discours qui sentait le cousu main, et de fil blanc…), ce que beaucoup ont analysé comme une provocation, mais que je préfère mettre quant à moi sur le compte d’un manque de réactivité des techniciens qui l’entourent, et qui ont dû un peu trop anticiper sur la résignation annoncée des salariés français, discours très convenu s’il en est. C’était avant.
Mais force lui a été d’admettre ensuite, aujourd’hui, la réussite de cette manifestation… Il peut toujours s’en prendre à des boucs émissaires faciles (même si, en l’occurrence, il s’agit de la chèvre de Mr Delors), il joue tellement petit qu’il ne s’en grandit pas vraiment tant cela est mesquin et indigne.
Malgré tout (nous étions déjà plusieurs à nous en douter), on ne peut que constater, comme je le redoutais, que l’ami Slovar, ainsi que je le lui écrivais hier en commentaire, à quelque peu pêché (mais je ne lui en veux pas) par excès d’optimisme… Le gouvernement ne reculera pas, malgré notre investissement de masse dans cette lutte d’importance, aveuglé qu’il est par son idéologie ultra-libérale, et nous ne le mettrons à genoux qu’en inventant d’autres modes d’action plus efficaces. (Mais non violents, j’y tiens).
La souffrance, dans la rue, quand on se donne la peine de faire un peu attention, est réelle, et certains sont en colère, qui crient à présent ouvertement, en public, « qu’ils n’ ont plus rien à perdre »…
Puissions nous donner une voix à cette colère, qu’elle puisse s’exprimer pacifiquement, et la canaliser, qu’elle ne conduise pas à des exactions que tout le monde ne pourrait que regretter… sauf ceux qui l’ont provoquée, tenants de la méthode forte, qui pourrait ainsi justifier un retour à l’ordre… pur et dur.
Alors que l’injustice est là, trop criante… face à un (si petit) homme qu’il préfère recevoir un footballeur à 15 millions d’euros par an¹, et nier la mobilisation sociale, ce qui constitue une véritable inversion des valeurs qui devrait guider ce chef de l’état qui n’est déjà plus le nôtre. Si tant qu’il ne l’a jamais été… Car dites-moi, qui est cet homme : Président de la République ? ou de la F.F.F. ? Cherchez l’erreur…
¹… sans parler des ONG qu’il devait recevoir… Cet homme ridiculise notre pays aux yeux du monde.
Source de l’illustration : photothèque du mouvement social (que je vous invite à enrichir…), ici.