Soyons franches: je n’ai jamais aimé mon corps. Jamais. Je l’ai toujours trouvé trop lourd, trop rond, trop mou. Bref, je me suis toujours trouvée grosse. Je ne suis pas la seule, mais ça ne me réconforte pas pour autant.
Pourquoi ce désamour?
La mode? Non, je ne trouve pas les mannequins taille 32-34, ou size 0 comme disent les américains, attirantes pour 2 sous. Ne serait-ce qu’à cause de leurs fesses inexistantes. Par contre, j’avoue être très sensible aux vêtements. Et franchement, les vêtements actuels ne sont pas toujours taillés pour les filles qui ont des hanches…
Photoshop? J’avoue être très sensible à ces peaux parfaites, sans boutons, sans rides, sans cellulite. Sauf que Photoshop ne fait pas tout, et les stars de Hollywood n’ont jamais été moches, même avant l’invention de l’ordinateur.
Les stars de Hollywood justement? Oui, je l’avoue, beaucoup représentent pour moi des idéaux. Les Pénélope Cruz, Salma Hayek, Gwyneth Paltrow. Toutes très différentes physiquement, mais sublimes à mon sens. Mais j’ai toujours eu conscience qu’être sublime faisaient partie de leurs jobs. Qu’il s’agissait là d’une exigence professionnelle. Mais quand même, qu’est-ce que j’aimerais être comme elles…
Voilà, biberonnée aux créatures du cinéma qui passent des heures en salle de gym et à surveiller ce qu’elles mangent, je les ai toujours enviées, et je n’ai jamais eu le courage (enfin, la folie) de les imiter.
Sauf que, sauf que… il n’y a pas que le miroir et mes neurones dégénérés qui me trouvent molle de la fesse. Non, mon IMC non plus n’est pas à la fête. En fait, il oscille depuis peu entre le haut du « corpulence normale » et le bas du « surpoids ». Charmant. Surtout que ce ne sont vraiment pas les muscles qui pèsent lourds. Non, des muscles il n’y en a point. Juste du gras. D’où la mollesse affligeante.
Car on peut en vouloir à Hollywood et Vogue, mais se regarder dans le miroir, c’est aussi être honnête avec soi-même: je suis horriblement gourmande (je peux me gaver toute la journée de pain et le fromage, mais aussi de fruits secs) et horriblement paresseuse. C’est simple, je ne bouge pas. J’ai dépensé une fortune pour un abonnement au club de gym où je n’ai jamais mis les pieds. Marcher ailleurs qu’au bout du monde m’ennuie. Et plus je m’ennuie, plus je mange. Plus je déprime, plus je mange. Même ma relation à la nourriture est affligeante.
Dieu merci, j’ai la chance de ne pas être petite (ni grande cela dit), ce qui m’a permis de ne pas être si ronde que ça. Et heureusement, je ne suis pas non plus obsédée par la balance. Même quand elle affiche 70kg (je n’ai pas dit que ça me faisait plaisir, mais je n’ai pas paniqué pour autant… quoique, est-ce si rassurant que cela?). Parce que le poids, dans l’absolu, je m’en fous. J’ai jamais eu de mal à le dire aux autres. Non, ce qui m’horrifie, c’est juste cette graisse apparente, localisée sur les fesses, moches, molles, qui hurlent à quel point je suis fainéante.
Et ce qui me désole, c’est que je ne suis pas assez forte pour me décider à faire quelque chose. Soit je l’accepte (et il en faut de la force mentale pour s’accepter), soit je décide de faire quelque chose. Soit je vais au bout des mes idées, soit je continue à me morfondre et à fuir l’épreuve du maillot de bain.
A un moment donné, il faut se regarder en face, et je ne parle pas seulement du reflet dans le miroir… Vais-je continuer de me morfondre dans mon coin en toute passivité? Ou vais-je faire preuve d’un minimum de courage? Le temps file, et moi je stagne. Et ça aussi c’est affligeant. Alors, voilà, il est peut-être de grandir. D’arrêter de se comporter comme une ado attardée, qui mange n’importe quoi, n’importe comment, pour n’importe quelle raison. D’arrêter les régimes stupides qui frustrent et empirent les choses, et d’enfiler une paire de baskets. D’avoir un minimum de volonté pour simplement rectifier le tir et arrêter d’être une larve. Je n’ai pas d’objectifs inatteignables: je ne veux pas éliminer la cellulite ni rentrer dans du 36! Juste être un peu plus en paix avec moi. En suis-je donc incapable?