Histoire d'Angleterre - André Maurois

Par Woland

Un peu moins de quatre-cent-quatre-vingts pages pour retracer l'histoire de l'Angleterre, c'est un peu court, comme eût dir Cyrano. André Maurois y parvient tant bien que mal mais à quel prix ...

Certes, on ne peut dénier à ce livre de s'appuyer sur une documentation et des connaissances solidement assises. Mais à se vouloir résolument anglophile, l'auteur passe sous un pieux silence nombre de pages - pourtant décisives - du destin anglais.

En d'autres termes, ce livre, en outre fortement daté, est de parti pris.

Si l'on excepte la dent qu'il semble avoir conservé contre Edward III - fils d'Edward II et d'Isabelle de France, petit-fils de Philippe IV le Bel et prétendant au trône de France après la mort de Charles IV, en février 1328, sans héritier mâle, ce qui mettait ainsi fin à la branche des Capétiens directs - André Maurois ne voit, dans les monarques anglais, depuis les chefs bretons originels jusqu'à Sa Gracieuse Majesté Elizabeth II, que des gouvernants au mieux exceptionnels, au pire un peu trop statiques.

Il expédie en quelques paragraphes la figure, pourtant très controversée, d'Henry VIII, consacre trois lignes à peine à la Grande famine que traversa l'Irlande dans les années 1840 et pendant laquelle le gouvernement britannique préféra fermer les yeux sur la volonté génocidaire de la majeure partie des landlords,, s'extasie sur les bienfaits de l'Ere victorienne en oubliant de mentionner les horreurs sociales de l'époque et, sans se soucier du courage d'autres peuples, pris eux aussi dans le conflit mondial, entonne un Te Deum outrancier pour célébrer la courage anglais sous le Blitz. Et puis, bien entendu, rien, mais alors rien de négatif sur la colonisation anglaise ni sur la responsabilité britannique au Moyen-Orient.

En quelque sorte : "Sans l'Angleterre, point de salut."

Du coup - en tous cas aujourd'hui - Maurois obtient l'effet opposé à celui qu'il espérait : trop, c'est trop. Et pour un livre qui se veut livre d'Histoire, ça la f ... vraiment mal.

Cet ouvrage est donc à lire avec un recul indispensable. (Saluons en revanche les tableaux généalogiques par lesquels Maurois inaugure les divisions du livre : ils sont d'une rare clarté.) ;o)