Iris Chang divise son ouvrage en trois parties : le récit de l'invasion planifiée de la Chine orientale, et tout particulièrement de Nankin, du point de vue des Japonais de l'époque ; le Viol de Nankin vu par les Chinois qui survécurent ; le Viol de Nankin vu par les Occidentaux qui, contre vents et marées, s'entêtèrent à rester à Nankin pour tenter de préserver la population.
Parmi ceux-ci, Chang retient les destins d'un Allemand John Rabe, chef du parti nazi de Nankin, et de deux Américains, George Fitch, chirurgien qui ne cessa d'opérer et de soigner les victimes épouvantablement mutilées qui arrivaient dans son hôpital, et Minnie Vautrin, plus tard surnommée par ceux qu'elle avait aidés "la déesse de Nankin".
Tous officiaient dans ce que l'on appelait "la Zone de Sécurité", territoire interdit en principe aux soldats japonais mais qui dut cependant supporter bien des attaques, de jour comme de nuit, de la part de simples troupiers avides de femmes à violer comme de hauts gradés qui recherchaient eux aussi le sexe et le meurtre.
Que dire ici sur tous ces gens qui aimaient tellement la Chine et son peuple qu'ils risquèrent leur vie pour eux ? Simplement que Nankin ne les oublia jamais. Lorsque, après la guerre, les Nankinois apprirent que John Rabe, qui n'avait pas hésité à défendre leur cause auprès d'Hitler et avait, pour cela, basculé dans le collimateur de la Gestapo, était privé de tout pour cause de "dénazification", ils réunirent un maximum de fonds et expédièrent leur maire en Suisse où il se procura une foule de vivres qu'il fit remettre à Rabe et à sa famille.
Pourtant, en dépit de tous leurs efforts - tous, revenus dans leur pays, essayèrent de faire connaître les atrocités japonaises en diffusant notamment un film enregistré en partie par le Dr Fitch sur les horreurs dont ses malades étaient les bien fragiles rescapés - et encore aujourd'hui, en 2010, les atrocités commises par les militaires japonais, à Nankin mais aussi dans une grande partie de l'Asie, et cela avec très vraisemblablement l'aval d'Hiro-Hito, sont passées sous silence, voire complètement ignorées. En d'autres termes, l'Histoire enseignée en Occident (et au Japon) est une Histoire tronquée, qui ne tient pas compte des souffrances endurées par des victimes dont il faut rappeler le nombre : en huit ans, plus de trois millions de soldats et neuf millions de civils.
Faites vivre leur mémoire : lisez "Le Viol de Nankin" et faites-le lire. ;o)