Suivre un fantôme : pas évident !
À certains moments, Pierre a dû se dire qu’il y avait quelque chose d’absurde à être le compagnon de Jésus, comme s’il s’agissait de suivre un fantôme qu’il faut suivre en marchant sur l’eau.
C’est Matthieu qui raconte cet épisode. Jésus s’était retiré de la compagnie de ses disciples pour aller sur la montagne, prier à l’écart. Il envoie ses disciples dans la barque sur l’autre rive.
Un peu avant l’aube il les rattrape et « les disciples, le voyant marcher sur la mer, furent troublés. C’est un fantôme, disaient-ils. » (Mt 14, 26). Pierre, lui, perçoit que c’est
peut-être Jésus : « Seigneur, si c’est bien toi, donne-moi l’ordre de venir à toi sur les eaux. » Pierre anticipait, un peu prématurément, semble-t-il, l’accomplissement de la promesse
de Jésus : « Celui qui croit en moi, fera les mêmes œuvres que moi, il en fera même de plus grandes » (Jn 14, 12). À la Pentecôte cette promesse se réalisera, non parce que Pierre
imiterait matériellement son Seigneur, mais parce qu’il sera animé du même Esprit que lui. Un jour Pierre quittera ces rivages familiers, poussé par l’Esprit, pour aller annoncer le nom de Jésus
dans des pays étrangers. Pour l’instant il perçoit l’Esprit (le vent) comme ne force hostile : « Mais, voyant le vent, il prit peur et, commençant à couler, il s’écria : Seigneur, sauve-moi
! » Par contraste avec Pierre et les autres qui luttaient contre le vent, Jésus, lui, est porté par le même vent par-dessus les vagues. Les disciples pour aller sur l’autre rive et Pierre
pour aller vers Jésus comptent encore sur leurs propres forces. En vain. Pierre apprend à ses dépens l’impossibilité de suivre Jésus sur la base de sa propre affection, intention ou
force.