J’avais découvert leur travail il y a deux ans dans une exposition de fortune, et les voilà lauréats du prix HSBC, et exposés chez Baudoin Lebon jusqu’au 24 juillet . Plusieurs des photographies de Lucie et Simon montrées ici datent d’il y a deux ans, mais ce qui m’a frappé cette fois-ci, ce n’est pas tant la vue d’en haut, surplombante, indiscrète, dérangeante, mais somme toute un peu anecdotique, mais plutôt la composition méticuleuse des tableaux. Chacun entraîne une rupture du point de vue, une légère perturbation de la vision, qui fait se poser à nouveau la question du spectateur face à la scène.
Deux des photographies m’ont particulièrement attiré dans cette exposition : cette apparition inattendue d’un visage dans ce miroir circulaire ouvre une fenêtre dans l’imaginaire. Est-ce bien la personne prenant son bain dont on voit ainsi le reflet ? par quelles étranges lois de l’optique ? au milieu de quels miroitements? Et, une fois levé le doute sur son sexe, persiste le doute sur sa présence, sur son regard, sur notre regard. Le tourbillon de l’eau près du robinet est comme un double du miroir, plein de confusion et d’étrangeté.
La photographie de la petite fille en haut de l’escalier est une merveille de composition. Le regard s’engouffre dans la spirale de l’escalier, descend deux étages plus bas, rebondit sur les premières marches en pierre et se fixe sur les carreaux rouges et blancs, aux couleurs passées, identiques à ceux du haut. Cette double structure carrelée crée un vertige, une incertitude que renforce l’enroulement des marches de l’escalier et le colimaçon de la rampe, ne nous laissant plus de points de repère, haut et bas, droite et gauche, loin et proche.
La plupart de leurs compositions jouent de cette abolition de la profondeur, de cet écrasement des distances, donnant à des scènes tout à fait ordinaires et quotidiennes, une dimension plus profonde, plus dérangeante.
Photos courtoisie de la galerie.