Le rire est en deuil ces jours-ci. Les amuseurs sont priés d'aller amuser ailleurs et l'ambiance est à la reprise en main. Bref Inter redevient une radio d'Etat. A la Courneuve hier, l'humour était plutôt du côté du chef du gouvernement venu parader en banlieue. Pour rigoler, un jeune s'est même fait passer à tabac et embastillé pour avoir lancé au nano-président "Casses-toi enculé, c'est chez moi ici". Ce qui rappelle le tristement célèbre "casse-toi pauvre con" (épitaphe sarkozien à un règne pour rien), rigolade qui, elle, est restée sans suite.
Savoir ne pas en rire. "La comédie précède toujours la tragédie", rappelle Zizek. Le rire, s'il n'est pas dû à la griserie de la libération, est alors son exact opposé : cette zone grise où nous prenons pour un divertissement critique ce qui n'est finalement qu'une figure de notre plus veule accommodement. Notre vichysme congénital.