Je retombe sur un article vieux de un an. « La Crise et le Temps » La chronique de Favilla
dans les Echos du 7/11/2008
Génial Favilla dans ses chroniques des Echos. Archer talentueux qui décoche la métaphore d’un trait de plume pénétrant.
S’interrogeant sur les « vieilles vérités » il cite Adam Smith : « Ce n'est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière et du boulanger que nous attendons notre dîner, mais bien du soin qu'ils apportent à leurs intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme ; et ce n'est jamais de nos besoins que nous leur parlons, c'est toujours de leur avantage. » .
Il ajoute : « à la place de « nous », mettez : les actionnaires. A la place de « notre dîner », mettez : les cours de nos actions en Bourse. A la place du boucher et du marchand de
bière, mettez : les dirigeants (…) et les traders.
Les actionnaires ont très bien compris que, pour attirer dans leur camp ces « faiseurs de dividendes », il fallait leur consentir quelques avantages (…), des modes de rémunération très incitatifs … »
Il écrit encore: « Le schéma a bien fonctionné, mais il lui manquait une dimension, celle du temps. Pimenter les profits immédiats (…), est une chose ; assurer la solidité et la
profitabilité à long terme de l'entreprise en est une autre. ».
« Tout s'est passé comme si la fraction la plus instable de l'actionnariat, celle qui ne voit dans l'entreprise qu'un instrument de profit rapide, avait façonné les stratégies. »
Favilla part ensuite sur des considérations de politique économique. Pour restaurer la vision du long terme et la prééminence de ce qu'il faut bien appeler « l'économie réelle », la présence durable des Etats dans le capital des groupes financiers est-elle nécessaire ou bien existe-t-il des moyens moins lourds et plus efficaces ?
Faut-il attendre, pour le savoir, que se réveille la chouette de Hegel... ?
"La chouette de Minerve (déesse du savoir et de la sagesse) ne prend son envol qu'à la tombée de la nuit".. C’est à dire après la bataille. Si la philosophie vient toujours trop tard, qu’en est-il du management ? Qu’en est-il des Dirigeants ?
C’est une bonne question : un management durable, soucieux de l’environnement au sens le plus global du terme, tournée vers l’action, peut-il fabriquer
des lendemains ?
Si oui, à quoi ressemble-t-il ?
Le Management durable entretient l’action.
Il l’entretient dans le temps. Il garantit le résultat, l’objectif. Objectif normalement clairement défini par les stratèges. Il veille à la satisfaction, de l’actionnaire ….. des clients et des équipes.
Mais il y a plus : il donne du sens aux actions quotidiennes.
Ça fonctionne bien lorsque le sens est lié à l’argent. « Je travaille pour gagner de l’argent ».
« Je travaille pour fabriquer de la valeur pour l’actionnaire ».
« On reconnaît ma valeur et la valeur de mon travail parce qu’on me paie à chaque fin de mois et qu’on me verse une prime confortable ».
Ca devient moins simple quand le sens est relié aux valeurs, à l’activité, aux modes d’organisation.
Clarifier l'objectif. Clarifier les priorités. Faire de la pro activité une pratique d'hygiène quotidien: c'est un début.... un bon début. A la chouette de Minerve faut-il préférer le faucon d'Horus?