Et un scandale de plus ! Encore une fois révélé par le précieux Canard Enchaîné, les mercredis se suivant et se ressemblant en Sarkozie. Jeannette Bougrab a beau “démentir”… c’est la première fois qu’en écrivant ce mot je le décompose : dé-mentir ! C’est décidément un verbe plein de richesses ! Jusqu’à présent je m’étais contentée de dire que le démenti était à la politique ce qu’est le déni à la psychanalyse : l’art de travestir la vérité et les intentions sous-jacentes.
Ou de remarquer la lointaine parenté entre démenti et dément au sens d’aliéné, fou, insane d’esprit quand bien même n’auraient-ils pas la même étymologie. Encore que “mentior” (mentir) et “demens” (fou) soient tous deux dérivés de “mens” : intelligence, raison. Le «de» privatif en indiquant bien l’absence, tout comme “déparler” parfois utilisé, notamment dans le Sud de la France pour : “dire n’importe quoi”.
J’ai toujours trouvé qu’il fallait être particulièrement con pour mentir. Ce n’est même pas une question de vertu mais d’intelligence. Je me souviens avoir longuement réfléchi à la question étant encore toute jeune, entre 10 et 11 ans.
Comme je suis douée d’une certaine imagination, je supposai des mensonges plus ou moins compliqués et je me suis très vite aperçue que cela entraînait une foule d’autres mensonges à l’infini et qu’il faudrait être sacrément rusé pour ne jamais se recouper. Parce que je n’aime ni le mensonge ni les complications, il m’a toujours semblé que dire la stricte vérité est toujours plus simple. Bien entendu, elle n’est pas toujours bonne à dire. Je préfère souvent me taire plutôt que faire du mal inutilement.
Cela devrait inspirer nos prétendues élites qui non seulement mentent le plus stupidement possible mais son incapables de se rendre compte de l’inanité de leur système de défense sachant les faits têtus et destinés à être connus à plus ou moins brève échéance, se couvrant ainsi de ridicule – qui malheureusement n’expédie pas ad patres - en surplus de l’opprobre générale que leurs turpitudes suscitent.
Je lis sur 20 minutes La nouvelle présidente de la Halde aurait doublé son salaire ce que Jeannette Bougrab dément formellement, vigoureusement : pourquoi pas furieusement ? Cela cadrerait avec l’insanité mentale… Vite un entonnoir ! Parce qu’il est rare que le Canard Enchaîné s’embarquât sans biscuit.
Alain Joyandet – droit dans ses bottes - pouvait bien démentir mercredi dernier que la demande de permis de construire fût entachée d’un grossier mensonge de son architecte – membre de l’UMP ! – il n’empêche : il renonce à son permis de construire pour agrandir sa maison (20 minutes). Pas de lui-même, ne rêvez pas !
Tout simplement, en raison de la «La note qui démolit le bâtisseur Joyandet» dixit le Canard de cette semaine qui ne lâche pas son os : laquelle note émane du directeur de l’urbanisme de Grimaud qui recommande au maire de la commune de retirer l’autorisation d’agrandir, au motif que la surface déclarée pour l’obtention du permis est «fausse», après avoir constaté «qu’Il n’existe aucun 2e niveau. La surface hors oeuvre nette existante qui nous a été déclarée est donc fausse»… Petite manœuvre qui pourrait coûter cher à Joyandet et son architecte, s’agissant d’un document officiel – faux et usage de faux ? - le parquet de Draguignan s’étant fait commu-niquer «toute une série de pièces du permis de construire» par la Direction départementale de l’Equipement. Un procès au pénal en perspective et comme cerise sur le gâteau ?
Deuxième épinglée la semaine dernière, Florence Woerth, ci-devant femme du ministre du Travail mais antérieurement du Budget, mise en cause comme gestionnaire de la fortune de Liliane Bettencourt au sein de la société Clymène qui l’employait depuis 2007 et dont elle vient de démissionner sous la pression du tollé déclenché par les malversations du clan Bettencourt, notamment la fuite de capitaux à l’étranger révélée par Mediapart. Premier acte donc. D’une affaire au départ purement d’ordre privé qui s’est transformée en quasi affaire d’Etat !
La défense de Florence Woerth n’en reste pas moins des plus débiles lis-je sur 20 minutes le 22 juin 2006 Florence Woerth nie avoir eu connaissance de la fraude fiscale de Liliane Bettencourt qui prétend avoir tout appris par la presse la semaine dernière ! Argument choc : «Tous les comptes personnels de Madame – remarquez qu’elle parle comme un larbin ! - ne sont en aucun cas sous l’autorité de l’équipe de gestion, et donc nous n’avons aucune chance d’avoir communication d’événements liés à ses comptes».
Autrement dit, si les mots ont un sens, la prétendue gestion de la fortune de Liliane Bettencourt c’est pur pipeau dans la mesure où une partie de la fortune échapperait au contrôle… Un patrimoine étant un tout apprend-on en droit civil (droit des biens). La société Clymène – à condition que l’assertion soit vraie – n’aurait donc droit d’exercer son contrôle que sur le sommet de l’iceberg. Je constate par ailleurs que si l’on sait tout de la formation d’Eric Woerth, je n’ai trouvé curieusement aucun document faisant état du cursus de Florence Woerth. Cela me défrisait depuis plusieurs jours. On demande en général beaucoup de diplômes et d’expérience aux gestionnaires dans tous les domaines.
Ne serait-elle qu’une simple potiche embauchée uniquement en tant qu’elle était la femme du ministre du Budget de l’époque (et qui plus est, trésorier de l’UMP)… Pour plagier sans vergogne Gainsbourg et Jane Birkin : «Il se murmure quelque chose comme… emploi fictif» ! Elle jouait les – sûrement très chères - “inutilités” contrairement au théâtre où les “utilités” – les seconds rôles – sont indispensables.Si jamais elle est dépourvue tant de diplômes que d’expérience les jeunes – et moins jeunes – sur-diplômés en gestion qui galèrent dans des jobs de merde ou des stages sous-payés apprécieront !
Pour en revenir à Jeannette Bougrab - cible du Canard Enchaîné cette semaine - les nominations de Sarko à quelque poste que ce fût sont emblématiques d’une conception particulièrement prébendière de la République : celle des copains et des coquins. Avec pour seul objectif : se servir plutôt que servir. Servir ? Pouah ! quelle horreur… Pas pour moi qui ai pris pour devise «aimer et servir» - bénévolement -avais-je écrit en son temps pour la Gazette d’Amitiés sans frontières. Mais eux, ce serait bien plutôt : s’en mettre plein les fouilles.
Curieuse manie en effet qu’à peine nommés les responsables politiques, conseillers, etc. et grands patrons des entreprises publiques exigent de substantielles augmentations de salaire. Des “gloutocrates” ! Les mêmes au demeurant qui trouvent toujours que le vulgum pecus des salariés est bien trop payé et mégotent la moindre augmentation de salaire ou du Smic quand ils n’essaient pas quasi de le faire baisser.
On se souvient que Nicolas Sarkozy avait écarté la candidature de Malek Boutih à la présidence de la Halde. A priori je pense que Boutih était demandeur mais Sarko nullement preneur. D’autant que ce fut sur arrière-fond de polémique lancée par Gérard Longuet – dont on n’aura garde d’oublier le passé à l’extrême droite ! – qui voulait un président de la Halde issu du “corps traditionnel français” selon le titre de l’article du Monde du 10 mars 2010.
A cet égard, Jeannette Bougrab – également issue de l’immigration - n’en fait sûrement pas plus partie que Malek Boutih mais elle présente un avantage non négligeable : elle appartient à l’UMP !
Sésame sans doute obligé. Non que je lui dénie des compétences car professeur de droit public et conseiller d’Etat – nommée toutefois au “tour extérieur” par décret du 28 septembre 2007 ! on remarquera par ailleurs sur Wikipedia comment elle a été bombardée depuis 2002 dans diverses instances nationales… - elle a aussi beaucoup travaillé sur les questions d’exclusion. Mais le problème actuel n’est pas là, il tient uniquement à l’augmentation de sa rémunération.
Qu’elle conteste : «démentant vigoureusement les accusations qui sont portées contre elle» et assurant qu’il s’agissait «de faits totalement faux et sans fondements» (…) Jeannette Bougrab perçoit donc la même indemnité de fonction que son prédécesseur, à savoir la somme de 6.135,32 euros net par mois (…) Le chiffre de 14.000 euros annoncé par le Canard Enchaîné est donc faux et infondé» assure le communiqué.
Wait and see. Le Canard ne prendrait sûrement pas le risque d’un procès en diffamation. Il paraît cependant que Jeannette Bougrab porte plainte (Libération du 24 juin 2010). Florence Woerth n’est également pas avare de papier bleu… Il leur restera à prouver devant des juges que la volonté de nuire aura supplanté le droit à l’information sur des faits exacts. Cacher la vérité est d’ailleurs le fait de tous les régimes autoritaires. CQFD.
Mais SVP ! qu’ils arrêtent de nous prendre pour des cons. Les citoyens ont le droit d’être informés et qui plus est, ils sont rarement dupes : travestir la vérité mène irrémédiablement aux “théories du complot” dont se nourrissent les pires extrémismes.
Toujours est-il que le Canard Enchaîné, soulignait que si la délibération du 3 mai 2010 visant à doubler son indemnité mensuelle qui passe de 6.900 à 14.000 euros ne figurait pas sur le site de la Halde, elle avait été néanmoins prise sous le titre de «modification de règlement de gestion des professionnels».
Je lis par ailleurs sur Les Echos du 24 juin 2010 que cette affaire met La présidente de la Halde en difficulté pour défendre son institution dans la mesure où il est fort question de dissoudre la Halde au sein de la nouvelle institution du «défenseur des droits» et que les dérives budgétaires de la Halde ont été épinglées non seulement par le Canard Enchaîné : une prestation de 130.000 euros par an pendant 3 ans visant à «rendre la fonction de la présidente plus visible dans le paysage médiatique et institutionnel»… mais également par plusieurs parlementaires, y compris et peut-être surtout de l’UMP.
Plus «visible» ! Pauvre tache… Encore un délire Sarkozyste ! Précisément, en voulant prendre la lumière, elle ne fait pas le poids avec Louis Schweitzer qu’elle a remplacé à la tête de la Halde. Qui s’est toujours effacé derrière sa mission et n’a jamais prétendu toucher plus que les 6.900 euros de l’indemnité qui lui était allouée.
Autre temps, autres mœurs. Elle est bien de son époque : je lis en effet in fine de l’article de Marie Bellan dans les Echos que plusieurs salariés de la Halde ont organisé un rassemblement devant le bureau de la nouvelle présidente le 2 juin dernier pour dénoncer «un management brutal et irrespectueux»… Beark ! Beark ! Beark !
Les méthodes de «l’entreprise barbare» ! Voilà un dernier trait qui achève de me la rendre encore moins sympathique. J’adore les gens qui ont bénéficié de la «discrimination positive» - fût-ce avant la lettre – mais n’ont de cesse ensuite de tirer l’échelle derrière eux. Mais au fond, défend-elle autre chose que son “bout d’grab” ?