Départ en retraite d’une collègue

Publié le 25 juin 2010 par Sheumas

                   C’était hier le pot de fin d’année et le départ à la retraite de nombreux bons collègues que nous avons pu célébrer avec émotion. J’ai pour ma part pris du plaisir à rédiger le petit mot suivant pour honorer ma collègue de lettres...

Le saviez-vous ? B. part en retraite ! Qu’elle veuille bien m’excuser cette confidence que je m’autorise à rendre publique, quand je pense à ce départ, me vient aussitôt à l’esprit le titre du beau roman de Julien Gracq qui est, le saviez-vous, l’un de ses petits chouchous littéraires, « un Balcon en forêt »... En littérature, c’est pas comme en classe, on a le droit d’avoir ses chouchous !

« Un Balcon en forêt » donc ... Quel beau symbole pour dire un départ en retraite ! Dans un environnement où le silence est un aliment que seuls savent goûter ceux qui en connaissent la saveur, B. est, comme l’un des rares personnages féminin du roman, un ange qui passe... Or, en Poitou-Charente, à Cognac comme à La Rochelle, c’est appréciable, nous avons droit à notre « part des anges »

Après avoir tiré la fine fleur... de sel... des élèves de l’île de Ré, elle s’est, tout au long de ces années au collège Beauregard (14 ans... comme le temps passe Brigitte !) dévouée à ces chères « têtes blondes » (qui ne sont, rappelons-le, pas tous des anges !)

Elle leur a ouvert avec patience et clairvoyance, les ailes d’un horizon pas forcément bouché... Et dans le rite sacré qu’implique tout passage (même s’il n’est pas en classe supérieure !) avec le rayonnement intérieur qui est le sien et qu’elle tâche de nous transmettre à présent à nous autres ses collègues, elle passe aujourd’hui le témoin.

Merci B. ! C’est donc pour toi aujourd’hui l’instant du « Balcon en forêt » !... Au seuil de cette retraite brillamment méritée, nous te laissons monter la voix et lever le regard vers d’autres chorales, moins discordantes que celle au milieu de laquelle, c’est promis, nous continuerons à nous agiter afin de faire de notre mieux... chorales où les anges n’ont ni casquettes, ni carnets de correspondance, ni rapports d’incidents !

Tu comprendras à quel point ces quelques lignes de Julien Gracq, (encore lui !) prennent à nos yeux une valeur métaphorique : elles diront mieux que moi tout le sens d’une retraite qui, n’en doutons pas, sera bien employée :

« Au sortir de l’escalier sur les terrasses du château, comme sur le pont d’un haut navire engagé sur les houles, les splendeurs du soleil jusque-là seulement interprêtées par les dalles de cuivre, les minces ogives, les épaisses murailles de soie, se déployaient dans leur farouche liberté. »