Partons donc à la recherche de ce philtre. Il est très certainement rouge, symbole de la passion. Il rappelle nécessairement la puissance des sentiments et la tendresse de l’étreinte. Il est sensuel et toutefois un peu rugueux, il est doux mais sans être doucereux. Chaleureux, tendre et fort, c’est un vin rare et précieux, mais point élitiste. Il se donne en effet sans réserve à qui sait l’accueillir. Il est consistant et long, son souvenir ne s’efface pas aisément à qui l’a gouté. Je pencherais volontiers pour un Banyuls, et pourquoi pas à un « muté sur grain » de la Rectorie ?
« L'âge des vignes, la maîtrise des rendements, le maintien des cépages originaux... C'est par ces moyens simples que nous pouvons rester en harmonie avec l'identité de ce terroir » ... c’est ainsi que les frères Parcé décrivent la philosophie qui guide leur travail dans ce vignoble familial. Un vignoble qui s'accroche aux pentes rudes du bord de mer. Après une macération du grenache de quelques jours, on stoppe la fermentation en ajoutant au moût une petite quantité d'alcool neutre. Un amour un peu contrarié donc, mais on laissera ensuite la fermentation se poursuivre pendant deux ou trois semaines. Une alchimie qui produit un élixir dont les arômes de fruits rouges se marient parfaitement au gras, au volume et à l'onctuosité des tanins du grenache. L'accord avec le chocolat est un grand classique, mais si possible avec un taux élevé de cacao. Douceur et amertume se conjugueront ainsi jusqu’au bout de votre dégustation, le second s’effaçant progressivement, à mesure que se ravivera le tendre souvenir de l’être aimé.