Max | Abdelak

Publié le 24 juin 2010 par Aragon

Abdelak a chanté pour nous. Nous étions trois ou cinq à Montfort,  je ne sais plus, difficile de compter une salle vide de spectateurs, pleine de tous les mystères du monde, de tous les chants de la planète. Les absents ont toujours tort.

Ah oui ! C'est vrai il y avait ce jour-là  concurrence du mundial, celle des coqs bleus de toutes leurs peurs qui jouaient à cache-cache et au poker menteur, tout à la fois...

Bon, Abdelak ? Je ne le connaissais pas et je vais dire un lieu tellement commun : Je peux mourir à présent, j'ai entendu Abdelak chanter. Abdelak ne chante pas, le monde chante à travers lui. Il ouvre la bouche, tend ses bras, ferme les yeux. Chant pur. Esprit du chant véritable. Esprit nomade. Le chant par définition est nomade ou n'est pas.

Il parle de l'exil, des mers à traverser pour donner corps à l'illusion occidentale. Il chante la source, le ruisseau à remonter, la montagne à gravir. Il chante l'impossible : "Waya kindîr ?" - Comment vais-je faire ? -

Il chante bien sûr tous les possibles, il chante la poignante, bouleversante, chanson de l'arabe errant "Nemchi fi tarig" comme il pourrait chanter de même celle de son frère juif dans la même situation, il chante les "simples" comme les herbes médicinales du même nom car il est guérisseur des coeurs "Viens chercher du muguet comme tous les premier mai près du petit ruisseau, le chemin mène toujours au bonheur mais il ne faut jamais être pressé..."

Il n'est pas ciseleur, orfèvre, polisseur, de textes poétiques comme les grands aînés, Georges, Léo qui pouvaient passer dix ans sur une chanson, je pense particulièrement à Georges qui besognait jusqu'à plus soif sur une virgule, un article à changer ou déplacer pour faire d'un vers charbonneux le diamant le plus pur. Il ne s'encombre pas du mot car il lui donne immédiatement des ailes.

Les mots d'Abdelak sont simples, minimalistes. Sa voix est étonnante car elle est ce que devraient être toutes les voix : porte-parole. Son chant je l'ai dit est aussi vaste que le monde. Il est  l'ami, le compagnon de scène de Beñat Achiary et de Dédé Minvielle. Il chante dans les cours, il chante sur les toits, il chante sur les plages, il chante sur le temps,  il s'en joue car le voyage et l'errance sont éternels. Il sera au festival d'Avignon du 8 au 31 juillet.

Il est essentiel dans le paysage de la chanson d'aujourd'hui. S'il passe par chez vous allez le voir. Allez voir ce voix-yageur au coeur doux et si bien accroché dans une poitrine venteuse. Allez le voir. Il s'appelle Abdelak !

photo : max capdeville

Allez visiter son site : http://abdelak.free.fr/