Si le cinéma a été prolifique sur le sujet de la conquête de l'ouest, peu de jeux vidéo ont été créés sur le sujet, et encore moins de bons. En 2004, le studio Capcom San Diego travaille sur Red Dead Revolver, un jeu d'action plein de bonnes idées mais sans grande maestria qui sera finalement abandonné puis repris sous les couleurs de Rockstar. Le développeur est par la suite racheté par Rockstar Games et renommé Rockstar San Diego, et se concentre sur les jeux de course (la série des Midnight Club) avant de ressusciter la série Red Dead dans une suite baptisée "Redemption". Trois années et un développement chaotique plus tard, Red Dead Redemption arrive dans les bacs, attendu comme le loup blanc par les fans de GTA...
I'm a poor, lonesome cowboy...
Dans Red Dead Redemption, vous incarnez John Marston. Orphelin ayant grandit dans le crime, John fait ses armes dans un gang pendant de nombreuses années avant de raccrocher ses armes, aspirant à une vie tranquille avec sa femme et son fils. C'était sans compter sur des envoyés du tout jeune gouvernement fédéral américain qui kidnappent sa famille, n'acceptant de lui rendre que si John traque et abat les anciens membres de son gang.
Voilà donc l'histoire de base du jeu, et elle donne le ton à tout le scénario. John Marston est un homme bon ayant malheureusement le tors de bien savoir manier le revolver. Dès lors, de nombreux personnages plus ou moins honnêtes se servent de sa quête désespérée pour retrouver sa famille en lui promettant des informations, et en lui mentant pour l'avoir à leur côté dans leur cause. Le premier grand succès de Rockstar San Diego est ici d'avoir su créer un monde vivant peuplé de personnages réels, créant tantôt de l'attachement, tantôt du dégoût chez le joueur, le tout imbriqué dans un scénario certes linéaire mais toutefois intéressant et plein de rebondissements.
Ugly Nature
Red Dead Redemption est basé, d'une manière générale, sur la même structure qu'un GTA : vous effectuez des séries de missions pour un certain nombre de personnages afin d'avancer dans l'histoire principale, et avez en parralèlle accès à un grand nombre d'activités annexes qui vous permettent d'acquérir de la renommée, de l'argent, et des objets pour avancer. Le tout se déroule dans un monde ouvert où les grandes étendues herbeuses ont remplacé les gigantesques avenues des villes modernes.
Epoque oblige, Red Dead Redemption est bien moins orienté "courses" et "belles mécaniques" que les GTA, et les missions, principales comme secondaires, sont principalement basées sur le combat. Revolvers, fusils de différents types, dynamite, lassot et couteau constitueront l'arsenal vous permettant de faire respecter votre loi dans l'ouest sauvage. La visée se fait de manière assez classique pour un jeu d'action à la troisième personne, et vous pouvez choisir le mode de visée "facile" pointant automatiquement les ennemis en cas de trop grosse difficultés. Pour compléter le tout, le mode "Sang Froid" activable de temps en temps, vous permet de ralentir le temps pour mieux assurer vos tirs.
Mais ne croyez pas pour autant que la conquête de l'ouest n'est faite que d'affrontements sanglants ! Bon... c'est principalement ça, mais pas uniquement, et Red Dead Redemption est doté de nombreuses autres activités pour vous faire passer le temps. De nombreux jeux d'argent sont ainsi disponibles (poker, blackjack, jeu du fer à cheval, jeu du couteau, etc.), et vous pouvez également participer à des courses (à cheval ou en chariot), vous essayer au domptage de chevaux sauvages, rechercher des plantes rares, ou encore, activité annexe principale du jeu : chasser sans relâche les animaux pour revendre leur peau et leur viande.
Certes, ce n'est pas très joli, mais Red Dead Redemption n'a jamais été présenté comme un jeu pour les enfants. Le ton est donné, tant au niveau des personnages que du gameplay et des activités possibles : on est dans un monde brutal, et c'est très bien rendu sans grands excès.
Pas un jeu pour les pieds tendres
On a déjà parlé du gameplay lors de l'explication du système de combat, mais qu'en est-il du reste ? Globalement, les actions simples se font assez facilement et l'apprentissage passe par un tutorial bien foutu en début de jeu. C'est lorsqu'on cherche à effectuer plusieurs actions en même temps que ça devient beaucoup plus compliqué. Par exemple, pour viser et tirer sur son cheval au galop, il faut utiliser pas moins de 5 boutons en même temps sur la manette (viser, tirer, diriger le cheval, diriger la visée, contrôler la vitesse du cheval). Autant dire que seuls les poulpes arriveront à de vrais coups de maître ! A l'heure où l'on parle de diminuer au maximum le besoin de boutons et de contrôles complexes, Red Dead Redemption prend la direction opposée et pourra donner du fil à retordre aux novices.
Technique en demi-teinte
Côté technique, Red Dead Redemption s'en sort plutôt bien et se retrouve graphiquement au même niveau qu'un GTA IV, même si l'ambiance en est complètement différente. Les grandes étendues traversées au galop sont magnifiques et pleines de vie, et c'est un plaisir de voir les animaux sauvages grouiller sous les hautes herbes et s'enfuir (ou pas) en vous entendant arriver. D'un autre côté, quand la caméra s'avance pour un gros plan, les personnages ne sont pas aussi détaillés qu'on l'aurait aimé, avec notamment des expressions du visage un peu en plan par rapport à la concurrence, ou des mains un peu carrées. Petit point négatif également, sur la version testée (version finale Xbox 360), on constatait assez régulièrement des ralentissements et du lag lorsque trop d'effets se retrouvaient simultanément à l'écran, notamment avec la pluie ou les nuages de poussière. Ces effets ne devraient pas se retrouver sur la version PS3.
On arrive là à un autre point négatif du jeu : les bugs. Bien présents et nombreux, ces bugs n'empêchent pas pour autant le plaisir de jeu, mais c'est bien parce que les développeurs se sont empressés de corriger les plus méchants, et à l'heure où nous écrivons ce test, soit moins d'un mois après la sortie du titre, pas moins de 3 mises à jour du jeu ont eu lieu afin de corriger ces problèmes techniques. On ne peut que louer la réactivité des développeurs dans ce cas, qui proposent en plus de ces correctifs un certain nombre de DLC gratuits.
Encore du potentiel inexploité
Rockstar Games nous a habitué à des mondes ouverts de grande qualité et à une durée de vie très importante, et Red Dead Redemption n'a définitivement pas à rougir vis à vis de ces critères de qualité. La carte est énorme, et on trouvera juste dommage qu'elle ne soit pas mieux exploitée, beaucoup de lieux se trouvant réutilisés par différentes missions afin de préserver l'impression d'espace de ces grandes plaines. Comptez plus d'une trentaine d'heures de jeu pour finir la campagne solo en vous balladant un peu, et la possibilité de continuer par la suite les missions secondaires que vous auriez raté. Ajoutez à cela un mode multijoueurs coopératif agrémenté de DLC gratuits fournis par les développeurs, et vous aurez là un jeu très conséquent.
Un dernier petit regret pour la fin : les missions de chasse et de cueillette avaient un grand potentiel pour un système d'artisanat, qui aurait été bien plus intéressant que de simplement revendre les denrées aux marchands. Dommage, pour une éventuelle suite peut-être ?
Conclusion
Pour voler les mots d'un de mes amis, Red Dead Redemption est une très belle aventure. Ce n'est pas un jeu parfait, juste un excellent titre qui souffre de légers défauts techniques, mais qui nous emmène tout de même dans une épopée de l'ouest comme on en avait encore jamais vécu. C'est définitivement le meilleur jeu western disponible actuellement, et on espère voir arriver des extensions de la même trempe que celles de GTA IV afin de pouvoir reprendre possession de ces personnages si attachants et continuer l'aventure. A posséder de toute urgence pour les fans de western et de jeux à monde ouvert.