Stéphane Guillon et Didier Porte virés de France Inter, écoutez la déférence

Publié le 24 juin 2010 par Gezale


« Je ne traiterai pas Philippe Val, le patron de France Inter, d’enculé. Ce serait lui faire beaucoup trop d’honneur. Non, Philippe Val n’est pas cela. Philippe Val est tout simplement un salaud. Un de ces salauds ordinaires comme il s’en découvrit tant et tant à l’époque du régime de Vichy. De ceux qui, pour une carte d’alimentation, une prime, un avantage, une protection, une place, une parcelle de pouvoir, n’hésitèrent pas un seul instant à se renier et à dénoncer à la police ou à la milice leur voisin juif, communiste, franc-maçon ou résistant.
Longtemps patron de Charlie Hedbo où il usait sans aucune gêne des termes mêmes qu’il reproche aujourd’hui à Didier Porte d’avoir utilisés, il s’illustra avant de quitter la direction de l’hebdomadaire de la manière la plus lamentable qui soit en virant comme un malpropre ce cher et vieux Bob Siné, lequel depuis lui voue une haine inexpiable.
Pendant des années, il fut accueilli comme chroniqueur sur France-Inter, d’abord aux côtés de Jean-Luc Hees, l’actuel patron de Radio France, puis de tous ses successeurs. Et, plus le temps passait, et moins je reconnaissais dans ses billets d’humeur le ton irrévérencieux et provocateur qui fut celui de Charlie Hebdo à ses débuts. Et plus le temps passait, plus ceux-ci devenaient fielleux, agressifs et pour tout dire le plus souvent carrément réactionnaires. Je ne comprenais pas ce changement. C’est que, comme l’immense majorité des fidèles auditeurs que j’étais jusqu’à présent, j’ignorais tout des ficelles que l’ancien complice de Patrick Font tirait discrètement pour faire sa place. Et des gages que, devenu courtisan, il donnait ainsi au futur pouvoir sarkozyste en poignardant dans le dos ses anciens amis.
Avec le licenciement de Stéphane Guillon et de Didier Porte, qu’ils ont appris, le premier par Télé Loisirs, le second par lettre recommandée, il donne la pleine mesure de sa lâcheté et de son asservissement au pouvoir et se transforme à présent en censeur et en fossoyeur d’une part non négligeable des libertés publiques. C’est un parcours sans faute, un parcours de traître. Quelle sera sa prochaine victime ? Il ne manque pas de journalistes à France Inter dont l’indépendance d’esprit déplaît à « l’actionnaire principal » comme aime à se nommer le locataire de l’Élysée, oubliant au passage que Radio France n’est pas sa propriété personnelle mais celle de tous les Français.
Comme il a déjà été dit par d’autres avant moi, j’aime à répéter que le slogan de France-Inter qui était « Écoutez la différence » sera hélas chaque jour un peu plus « Écoutez la déférence ».

Reynald Harlaut