Le point commun entre Ysatis, Soir de Lune, Amarige, Kenzo Jungle Elephant, L'Homme, Very Irresistible, Amor Amor, Alien, Acqua di Gioia ou encore, Carnal Flower, Une Fleur de Cassie, Vétiver extraordinaire, Géranium pour Monsieur ? Dominique Ropion, l'un des parfumeurs les plus « bankables » du métier, à la modestie non feinte et à la discrétion inégalée. Rares sont les briefs des grandes marques qui échappent à ce nez hors pair. Valeur plus que sûre d'IFF, il est également plébiscité par les francs-tireurs de la parfumerie comme Frédéric Malle, pour qui il a déjà réalisé plusieurs fragrances. Peu bavard, Dominique, quand il accepte de se laisser « cuisiner », avoue toutefois un certain engouement pour la bonne chère... et pour les bons vins ! S'il communie volontiers avec les grands crus du type Château Lafite, il n'a pas dédaigné non plus les trois bouteilles que nous lui avions fait parvenir, dans l'espoir de mieux le confesser...
« J'ai commencé ma dégustation par un bourgogne rouge, le Joseph Faveley Blagny 2001 : au nez, j'ai repéré un effet " grillé " de pyrazine, une molécule utilisée en parfumerie et qui possède un effet torréfié, proche de la noisette ou du sésame. Curieusement, il évolue avec une facette fruitée et verte, qui m'a évoqué un bourgeon de cassis ou une feuille de vigne. Très présente aussi, cette note girofle, légèrement vanillée et cuirée - rien d'étonnant à cela, il existe des phénols qui sentent le cuir ! - ; en bouche, ce vin est long, très souple, suave. Je ne lui ferai qu'un reproche, celui d'être presque trop irréprochable, justement ! Je veux dire par là qu'il manque d'aspérités et qu'on a envie de chercher les défauts qui lui donneraient du relief...
Après cette mise en bouche, j'ai débouché un côte de Provence, la Cuvée bio haute gamme Les Confidentielles du Domaine Saint-André de Figuières, 2009. Une vraie explosion de fruits au départ ! Mirabelle, poire, mûre, framboise au nez, avec une note poire plus présente que toutes les autres. Et juste après survient une note d'essence de rose - damascena pour être précis ! - je ne vous apprendrai rien en vous disant que, en analysant un vin, on y retrouve une foule de molécules communes avec la rose... - puis apparaît une facette résine de pin, légèrement patchouli, qui se retrouve en bouche. Très souple, léger et tenace à la fois, ce vin est extrêmemement agréable et plein de fantaisie.
J'avais gardé le meilleur pour la fin, car j'éprouve une tendresse particulière pour les vins d'Anjou en général et les savennières en particulier : ma grand-mère était originaire de cette belle région, d'où une certaine nostalgie en les dégustant... Ce Savennières Chamboureau 2007, du domaine F.L, ne m'a pas déçu : au nez, une odeur particulière, mélange complexe de citron et de camphre, suivie d'une nuance minérale, calcaire et iodée, crayeuse mais pas du tout désagréable en bouche, et une note pêche très présente, qui en font un vin doux et tendre, sans grandes aspérités mais suffisamment présent pour qu'il nous communique la beauté de son terroir. Je n'ai qu'un seul regret, au fond, c'est d'avoir pratiqué cette dégustation avec seulement des biscuits apéritifs à grignoter ! »