Cet ouvrage est donc la suite de La Guerre éternelle. J’apprécie les séquelles dans la littérature de science-fiction parce-que les auteurs de ce genre n’abusent pas de la tendance hollywoodienne qui consiste à reprendre les mêmes et recommencer. C’est la raison pour laquelle je me suis jeté sur cette suite d’un de mes livres-culte. Pour la petite histoire, j’ai été mis au courant de son existence à travers l’adaptation BD qu’en a faite Marvano auquel on doit aussi l’adaptation de La Guerre éternelle que je recommande d’ailleurs très vivement… Alors, la séquelle est-elle à la hauteur de l’original ? Et bien, oui et non…
Oui, dans le sens où la suite reprend fidèlement l’univers et le développe dans une direction sans rapport aucun avec l’original bien que ce soit sa continuité logique. Non, dans le sens où les 50 dernières pages sont un des pires exemples de Deux Ex Machina que j’ai eu l’occasion de trouver dans quelque roman que ce soit. Disons que les choses se passent très bien durant la première moitié de l’histoire, quand à bord de leur navette temporelle, les évadés de la société collective appelée « Homme » commence à rencontrer les premiers signes des « arcanes de la relativité, de la conscience humaine et de la métaphysique » pour reprendre les termes du résumé cité plus haut.
Passé cette étape, les choses vont de mal en pis – ou bien épaississent le mystère, selon les points de vue. C’est pendant les 50 dernières pages évoquées plus haut que le récit fait un impressionnant piqué vers les plus profonds abysses d’une métaphysique douteuse… En fait, ce n’est pas vraiment que l’auteur raconte n’importe quoi mais on se demande où il veut en venir et surtout où est le rapport avec La Guerre éternelle si ce n’est le fait qu’Haldeman cherche peut-être à donner une solution définitive et pacifiste à tous les conflits – je me base pour cette interprétation sur le court poème en exergue de l’ouvrage – ce qui serait une sorte de jeu de mot avec le titre de l’ouvrage précédent dans le cycle et en fin de compte le seul rapport entre les deux contenus.
Autant le dire franchement, La Liberté éternelle a beau en être la suite, il n’y a absolument aucun rapport avec La Guerre éternelle sauf l’univers. Je soupçonne Haldeman d’avoir succombé à une crise de mysticisme semblable à celle qui a poussé Clarke à vandaliser son cycle de Rama en faisant basculer le récit global dans une métaphysique d’autant plus capilo-tractée qu’elle en devient décevante dans le sens où elle n’apporte strictement rien à l’histoire puisque la solution finale à la guerre que propose l’auteur est tout ce qu’on veut sauf réaliste, voire simplement envisageable. Je ne vous en dirais pas plus pour éviter les spoilers : n’hésitez pas à consulter les critiques dont vous trouverez des liens à la fin de ce billet si vous souhaitez des éclaircissements
Donc, surpris, je le suis ; déçu, je ne sais pas trop. Une chose est sûre : si vous ouvrez ce livre, ne vous attendez surtout pas à retrouver les plaisirs de La Guerre éternelle…
La Liberté éternelle (Forever Free, 1999), Joe Haldeman
J’AI LU, collection Science-Fiction n° 6896, février 2004
288 pages, env. 3 € (occasions seulement), ISBN : 2-290-32503-1
- d’autres avis : nooSFère, Science Fiction Magazine, Le Cafard Cosmique
- l’adaptation en BD de ce roman par Marvano est disponible chez Dargaud