Le travail de Noman Borlaug, la fameuse « révolution verte », a permis de multiplier la productivité de chaque hectare de terrain cultivé par l'homme. Depuis 1960, la production de riz par hectare a augmenté de 122%, celle du maïs, de 159% et celle du blé, de 229%. On estime que les recherches de Borlaug et de ses successeurs ont permis de sauver la vie d'environ un milliard de personnes.
Cependant, l'écologiste militant n'aura jamais apprécié à sa juste valeur l'œuvre de ce bienfaiteur de l'Humanité ; sans doute parce que Borlaug aura démonté les apocalyptiques prédictions de grandes famines. Au contraire, il aura eu à cœur de critiquer la révolution verte pour son usage de fertilisants et de pesticides et, partant, de se lancer dans une démarche réactionnaire sous le couvert du label « bio » et de développer une agriculture qui ne ferait usage ni de composés chimiques artificiels ni d'organismes génétiquement améliorés – une extension naturelle des recherches de Borlaug.
Un très grand nombre des consommateurs de ce type de produits le font pour des considérations qui ont bien peu à voir avec l'écologie, comme une prétendue meilleure saveur ou la croyance – fausse – de ce que ces produits seraient plus sains que les conventionnels. Toutefois, ceux qui consomment réellement ces produits motivés par l'écologisme vont devoir affronter une dure alternative. Une étude de Jennifer Burneya, Steven Davisc et David Lobella, réalisée au sein de l'Université de Stanford et publiée par l'Académie nationale des Sciences des États-Unis (« Greenhouse gas mitigation by agricultural intensification »), montre que les améliorations introduites par la révolution verte – en permettant de cultiver plus afin d'alimenter la population mondiale sans devoir abattre des forêts supplémentaires pour agrandir les domaines agricoles – ont réduit les gaz à effet de serre pour un équivalent de 590 milliards de tonnes de dioxyde de carbone.
Selon la théorie anthropocentrique du « réchauffement global », défendue bec et ongles par l'establishment écologiste, les changements climatique seraient dus aux émissions de gaz à effet de serre et donc indirectement – si l'on reste logique – en partie à des modes d'agriculture qui, étant moins productifs au mètre carré cultivé, nécessitent plus de terres enlevées aux forêts. Or l'agriculture « bio » n'étant pas étudiée pour être la plus productive possible, son extension signifiera immanquablement l'extension des zones agricoles au dépens d'autres zones de la biosphère.
Le dilemme de l'agriculture « bio » rejoint ainsi celui de la lutte contre l'énergie nucléaire : deux causes sacrées de l'écologisme, mais qui contredisent de front leur principale campagne actuelle sur un hypothétique réchauffement climatique d'origine humaine. On suppose qu'ils règleront ce petit problème en fermant les yeux sur cette contradiction fondamentale tout en continuant à militer pour que l'État impose des mesures « pour lutter contre le réchauffement » tout en appuyant l'agriculture « bio » et en réclamant la fermeture des centrales nucléaires.