Le prix exorbitant de la rareté....
Publié le 24 juin 2010 par Mpbernet
Vous savez que je suis fana de porcelaine et de cristaux, enfin de tout ce qui peut agrémenter une table et faire d'un repas un moment exceptionnel...Même pour tous les jours. A fortiori les soirs de fête !
Là, je suis complètement stupéfaite.
J'ai conservé pieusement tous les justificatifs de notre liste de mariage en 1967. Et aussi la facture d'un achat de quelques assiettes de fête, que mes parents m'avaient offertes pour mon trousseau, dans le cadre d'un budget bien défini, en 1965. C'est moi qui avais choisi le modèle, très classique de style Empire et j'étais allée avec ma mère les acheter rue de Paradis. Je les ai toujours, en très bon état, mais je les mets au lave-vaisselle comme les autres, considérant qu'on risque plus de les casser en les manipulant qu'à les laver à haute température, vu que la porcelaine cuit au-dessus de 1300°.
Ce modèle était déjà très cher en 1965 : 70 FF l'assiette plate. Il s'agit d'une assiette à aile bleu de four*, avec une bordure en double dorure polie à l'agate, et elles ont été vendues par un distributeur, aujourd'hui disparu : Madronet, Limoges UNIC. En pratiquant le coefficient de conversion des francs de 1965 en Euros de 2009 (INSEE), les 70 F. correspondent à 85€. Et je me demandais si je n'allais pas compléter ma série.....
Je me suis donc rendue rue de Paradis, là où je les avais achetées, dans une boutique qui me semble réunir toutes les plus grandes marques des Arts de la table, au numéro 29, les Editions Paradis - entre nous, une merveille à visiter pour rêver et un accueil très agréable. Et j'ai demandé le prix d'une assiette du style de la mienne : ce serait entre 380 et 600 EUROS ! Pour une assiette !
Evidemment, plus personne aujourd'hui n'achète ce genre d'objet à part les ambassades, les princes du Moyen-Orient ou les milliardaires. On doit les faire à la commande, et les artisans ont disparu ! Je suis restée scotchée d'imaginer quelle différence de prix....Même en appliquant un fort coefficient de vieillissement....
Donc, chaque Noël, je penserai désormais à bien prendre garde à mes assiettes .......Quand mes filles en hériteront, j'espère qu'elle ne feront pas trois tas comme dans "Milou en mai", le superbe film de Louis Malle....
*Cuisson à 1 360° C en atmosphère oxydante des pièces cuites en four de
blanc, puis décorées avec les fonds colorés de grand feu (cf. bleu de
Sèvres, couleurs de grand feu, sur-couvertes).