Critique en avant-première : "Tamara Drewe"

Synopsis :

Avec son nez refait, ses jambes interminables, son job dans la presse people, ses aspirations à la célébrité et sa facilité à briser les coeurs, Tamara Drewe est l'Amazone londonienne du XXIe siècle.
Son retour au village où vécut sa mère est un choc pour la petite communauté qui y prospère en paix.
Hommes et femmes, bobos et ruraux, auteur de best-sellers, universitaire frustré, rock star au rancart ou fils du pays, tous sont attirés par Tamara dont la beauté pyromane et les divagations amoureuses éveillent d'obscures passions et va provoquer un enchaînement de circonstances aussi absurdes que poignantes.

Critique :

Stephen Frears fait partie de ces réalisateurs dont la filmographie est si diversifiée que l'on ne peut pas vraiment leur attribuer un genre défini, tout au plus une période. Après avoir tourné plusieurs films en costumes (The Queen, Chéri, Madame Henderson présente) il retourne à la comédie, et plus particulièrement la comédie de mœurs.
Personnellement j’espérais trouver dans ce  film une comédie légère et drôle, et je suis reparti comblé, car c'est exactement ce que nous offre ce Tamara Drewe.
Prenant comme cadre la campagne anglaise du Surrey, le long-métrage permet tout d'abord d'admirer une superbe photographie, dirigée de main de maître par Ben Davis. Qui plus est, Le film se déroulant sur toute la longueur d'une année, cela permet d’offrir un régal pour les yeux à chaque saison.
Vient ensuite, la musique. Bien que celle-ci ne soit pas énormément présente, elle arrive toujours à point nommé, relever les moments creux ou les différents tableaux qui peuvent venir ponctuer le film.
Car si Tamara Drewe est adapté d'un roman graphique, le film n'en demeure pas moins extrêmement théâtral. La pertinence et le piquants des dialogues, alliés à une mise en scène digne des plus grandes pièces de Boulevard, nous permettent d’obtenir un résultat à l’esprit de vaudeville purement jouissif, tragique dans le fond mais hilarant dans sa forme. Le final constituera d’ailleurs l'un des moments les plus réussis du film.

Mais la véritable découverte, ce sont les acteurs. Alors que l'on espérait bien évidemment beaucoup de la Miss Gemma Arterton dans le rôle de Tamara, on peut facilement admettre avoir été très agréablement surpris par le reste de la distribution. À l'évidence, lorsque les conditions précédemment citées sont réunies, et qu'un aussi génial metteur en scène que Frears est à la barre, on ne peut/ne doit espérer moins.
Lors de notre rencontre avec le réalisateur anglais (oui oui, le compte rendu bientôt), il nous confiait avoir sélectionné tous ses acteurs en fonction des coups de cœur qu'il avait pu ressentir lors des différents castings. D'emblée, cette osmose totale entre les acteurs se ressent à l’écran. On est immédiatement séduit par les interprétations des déjà aperçus Dominic Cooper ou Luke Evans ; et l'on découvre avec joie Roger Allam, Tasmin Greig, Bill Camp ou encore la jeune Jessica Barden, qui bien qu'interprétant une ado exécrable dans sa passion pour une rockstar (Dominic Cooper), constitue à coup sûr la relève d'une encore jeune génération d'actrices anglaises dont font partie Gemma Arterton et ses compatriotes Carey Mulligan ou Keira Knightley.
Vous me reprocherez certainement de ne rien vous avoir dit sur l'histoire ? Qu'importe puisque la nouvelle voie prise par Stephen Frears, un réalisateur qui fonctionne à l'affinité, que ce soit avec les scenarii qui échouent sur son bureau ou avec ses acteurs, se découvre surprenante, fraîche et inspirée. Tamara Drewe est une comédie légère et rafraichissante comme quasi-seuls les anglais savent les faire... Allez-y les yeux fermés, vous ne regretterez pas votre choix.
Sortie officielle française : 14 juillet 2010