Breaking Bad [3x 08]

Publié le 23 juin 2010 par Lulla

I See You // 1 78o ooo tlsp.

   

   Après les dernières minutes du précédent épisode, magistrales et intenses, Breaking Bad avait besoin de souffler et l'a fait avec toute la subtilité et la pudeur qui l'incarnent. Alors que Hank est admis à l'hôpital, Jesse le quitte, heureux et soulagé de retrouver sa liberté même si son visage est toujours difforme, ce qui le rend particulièrement impressionnant. Ce court passage où il sourit dans la voiture, sur le chemin du départ, en répondant qu'il va bien, était saisissant et effrayant. On se retrouve tout à coup avec le Jesse d'avant Jane, d'avant le crash, et j'avais oublié à quel point il pouvait être irritant tout en restant attachant. Pendant tout l'épisode, en attendant que Walt ne revienne de l'hôpital, il s'occupe comme il peut en nous offrant quelques scènes de comédie dont seule Breaking Bad a le secret. Les caser dans un drama pur et dur relève de l'exploit. Vince Gilligan l'a fait (encore). J'ai particulièrement apprécié le moment où Jesse tente de se transformer en sumo. Et comme la série est aussi un plaisir des yeux, le contraste entre le rouge sang des murs du labo flambant neuf et la blouse jaune brillante de Jesse était superbe.

   Alors qu'on se serait imaginé que toute l'attention de l'épisode se porterait sur Hank, il n'apparaît pas une seule fois. Même à la toute fin, lorsqu'il est sur le point de se réveiller, son visage n'apparaît pas à l'écran. Juste sa main. C'est une belle manière de nous priver de sa présence directe tout comme sa famille en a été privée des heures durant. Et on ne fait pas partie de la famille. Pas vraiment. C'est le protocole, comme le dit le médecin. Une fois n'est pas coutume, c'est Marie qui bénéficiera du plus grand temps de parole, notamment dans un dialogue bouleversant où elle accuse les agents de la DEA de ne pas avoir fait leur boulot, de ne pas avoir protéger Hank comme ils auraient dû. Elle n'a pas tout à fait tort même si sa version des faits est incomplète. Betsy Brandt, en tous cas, est aussi bonne actrice que ses comparses. Content qu'elle ait pu le prouver. Les réactions de Skyler étaient intéressantes, notamment cette trève qu'elle entame avec Walt, faisant même preuve d'une certaine indulgence furtive. Je repense en particulier au moment où elle le fait taire avant qu'il ne se lance dans un de ses mensonges par un simple silence et une fuite. C'est fort. Ce que l'on retiendra des scènes de Walt, c'est d'abord sa confrontation avec l'un des cousins de Tuco désormais dépourvu de jambes. On ne nous épargne rien à travers une scène choquante mais nécessaire où la violence déborde des yeux du cousin, montrant à quel point sa haine est grande. Mais ce qui est parfaitement brillant, c'est le rôle de Gus. Cet homme ne cesse d'imposer et de gagner en charisme. Comme il le dit lui-même : il se cache à la vue de tous. Une belle phrase qui résume bien sa tactique. Il pourrait rester dans l'ombre mais au lieu de ça, il s'expose et prend des risques. Tout le monde est à mille lieux de le soupçonner de quoi que ce soit mais c'est toujours plus risqué de faire ce qu'il fait que de rester dans son coin. Au-delà de ça, il est encore plus manipulateur et sans pitié que l'on aurait pu l'imaginer. Son plan est admirable et on n'en connaît qu'une infime partie pour le moment !

// Bilan // Devant un tel épisode, on ne peut que s'incliner. Breaking Bad atteint son apogée émotionnelle. La tragi-comédie a rarement connu plus bel ambassadeur à la télévision.