Magazine Culture
Une vieille dame fait l’ouverture, pose le décor. En 2009, elle avait dix ans. L’école existait encore. L’état policier commençait à se renforcer. Les sans-papiers étaient traqués, ignorés, malmenés. "Je ne me souviens plus qui était le Président" affirme-t-elle d’emblée, alors que le premier rôle au casting pointe du doigt le responsable invisible, caché derrière tous les uniformes bleus. Cela peut paraître simpliste, facile, petit. Cela ne l’est pas. Tout comme de trouver le ton juste dans des dialogues entre enfants. Comme de trouver le tempo parfait pour rendre l’intrigue tout aussi intéressante sur le fond que sur la forme. Comme d’adopter une démarche profondément citoyenne, sociale, engagée, sans sombrer dans le tract stérile. Tout comme, enfin, de saisir et de mêler naturel des situations et souffle des rues, troubles politiques et générosité de l’enfance, candeur d’un autre temps et violence latente. L’œuvre est délicate, ludique mais garde en tête ses revendications. Jauge, observe, dénonce mais ne se fait jamais agressive. Une belle façon d’évoquer l’inhumanité progressive d’une société qui ne cherche ni à comprendre, ni à se battre. Un Welcome à hauteur de gosses, cruel mais rempli de la naïveté charmante des possibles. Avec en bonus une Valeria Bruni Tedeschi exceptionnelle, tout en hystérie et émotion contenues.