Mais, Pascal et moi, ce qui nous attrape les yeux, le cerveau, l'esprit, c'est la plage justement. Elle est immense. Des kilomètres. Des vagues qui déferlent du large de l'océan Indien. Et un GROS panneau, planté sur le sable : « Réservé aux blancs ». C'est écrit en anglains et en afikaan. Et en zoulou aussi. Ils sont trilingues par ici... Les Noirs s'en foutent un peu, ils ne vont pas à la plage, comme nous le confirmera un vendeur ambulant. Mais pour le principe... Un restaurateur blanc nous dira benoîtement que la plage n'est pas « interdite » aux Noirs, puisque une partie leur en estt réservée. Ben oui, c'est ça, l'apartheid. On voulait voir, on a vu. La plage, c'est l'aspect le plus visible. C'est pareil, en ville, pour les boîtes, les restos, les bars. Il n'y a pas de pancartes. Ce n'est pas ncessaire, tout le monde sait comment ça marche.
Avec Pascal, on se trouve un appart tout équipé. Pas cher, sur le front de mer, c'est un zarab qui loue. Il s'appelle Patel. Ca nous rappelle la Réunion... Les zarabes d'Afsud font partie des « colored people », une subtile distinction du régime d'apartheid, où on met tout ce qui n'est pas franchement blanc aux yeux bleus ni foncièrement noir. Ils ont un peu plus de droits que les Noirs. Mais moins que les Blancs. Bon, ils n'ont pas le droit de vote, en tout cas.
Patel Nous propose des Samoosas. C'est comme les samoussas de chez nous, mais en trois fois plus gros. On fait affaire. On va passer une semaine géniale à Durban. Les gens sont super sympas, qu'ils soient Noirs, Blancs, ou « colored ». On a l'impression d'être dans une enclave, une carte postale. Quatre ans avant, les émeutes de Soweto et leur répression sanglante donnaient au monde une autre image de l'Afrique du Sud.
François GILLET