Le marché boursier est le marché par excellence où l’accès à l’information détermine la capacité d’action: information pour anticiper, acheter, vendre, négocier, sur toute la planète à toute heure. Il n’y a pas de virtualité qui ait autant contracté l’espace-temps et où, par conséquent, l’immédiateté de l’accès à l’information est aussi déterminante du succès ou de la défaite.
Or, l’accès dépend de la technologie : des ordinateurs suffisament performants pour traiter cette masse informationnelle et la présenter de façon lisible sont indispensables pour pouvoir agir avant les autres ou, au moins, à temps. Ou plutôt, il faut avoir des ordi au moins aussi rapides que ceux du concurrent ou du NYSE. En matière boursière, les attardés technologiques sont hors course. L’accès inégal à la technologie, et donc à l’information, brise le mythe de la concurrence parfaite.
La virtualité impose une structuration technologique du marché. Par conséquent, l’absence de technologie empêche les plus démunis de compenser ce « défaut comparatif » par leurs compétences: pour exercer cette compétence « à temps » encore faut-il posséder la technologie… Comme le souligne le philosophe Paul Virilio « le temps commun de l’information financière n’existe plus »(L’administration de la peur, edition textuel, p. 33). Une concurrence parfaite exige, dans les théories classiques, un espace commun. Le développement exponentiel des NTIC soulève une autre nécessité: un temps commun. L’inégale répartition des moyens technologiques qui déterminent la cadence de l’action mord la main invisible d’Adam Smith.