Just Fontaine en 1960.
On est en plein cauchemar, dans un capharnaüm sur pattes monstrueux. Tout le monde marche sur la tête, les journalistes se vengent, les pseudos philosophes s’en donnent à coeur joie, la métaphore est utilisée pour tout et pour rien afin d’expliquer une situation qui est pourtant simple, mais échappant à tout le monde. Les politiques de l’opposition y voient le reflet de notre société individualiste, consumériste, abonnée au fric et désolidarisée de la solidarité et des impôts tandis que le gouvernement envoie une chargée de mission façon Super Nanny pour remettre un peu d’ordre dans la communication.
L’opprobre contre l’Equipe de France est à l’image de la France et des français : celle qui adore les cafés de commerce, aime parler de ce qu’elle ne connait pas, se prend pour un entraîneur en herbe, aime se défouler sur quelques joueurs sans grand intérêt et faire que le mélange des genres devienne roi. On aura ainsi réussi à mélanger sport, politique, philosophie de bas étage, médiatisation outrée, chamboulement de la hiérarchie des évènements médiatisés et une histoire de grève avant celle, plus importante, du 24 juin. La vindicte populaire comme le drame national est un sport à la française. De ce côté là, on est bien dans l’exception culturelle dont on nous parle si souvent, l’amour pour le clash et le storytelling en plus.
23 joueurs qui n’ont parfois aucun lien avec toutes ces polémiques stériles et qui représentent quelques portions de France. En aucun cas un pays de plus de 60 millions d’habitants car, aux dernières nouvelles, je ne crois pas que Raymond Domenech ait fait appel aux façons de faire d’un institut de sondage pour que l’Equipe de France soit au plus près de la formation démographique, politique et ethnique de la population française. Non, je ne crois pas.
On a seulement assisté à trois matches d’une dizaines de joueurs ayant tous leurs spécificités, certains chantant la Marseillaise, d’autre non; certains faisant partie de la génération dorée de 1998 et de 2000, d’autres non; certains étant très bien payé et jouant en club à l’étranger, d’autres l’étant moins; certains insultant leur entraineur comme d’autres l’ont fait auparavant – Eric Cantona, d’autres non. Devant tous ces parcours différents, on ne pouvait en aucun cas rassembler cette équipe de seulement 23 joueurs sous le sigle de « représentation sociologique » de la société française. Par contre, on pouvait peut être les rassembler sous le sigle « Equipe de France solidaire jouant au football et faisant appel à des valeurs de collectif ». Pour ce dernier, ça n’a peut être pas marché étant donné le résultat d’hier qui est tombé comme un couperet, mais on en revient toujours au petit rôle que cette Equipe de France aurait dû jouer lors de cette Coupe du Monde en Afrique du Sud et que l’on a oublié de préciser : jouer au foot, tout simplement, en perdant, ou en gagnant. Il est 15h26, et l’on parle de l’Equipe de France à l’Assemblée Nationale …
Filed under: ACROSS THE DAYS