Pervertie par sa propre hypocrisie, la gauche anglaise n’existe plus depuis bien longtemps au royaume de la Reine. Les derniers à y croire semblent bien être les journalistes étrangers qui osaient encore qualifier l’ancien premier ministre travailliste d’homme de gauche. Libéral, grand défenseur de la politique de Bush devant l’éternel, Gordon Brown, l’homme de l’ombre de Tony Blair a quitté la vie politique anglaise sous les yeux d’une presse anglophone avide de chanter son requiem. Ce montage photo des Unes de la presse traduit toute l’insistance du monde journalistique pour assister à la chute de celui fut pendant trois ans un homme froid, distant et surtout peu photogénique.
On peut considérer que ces photographies illustrent la tragédie de l’homme politique telle que l’énoncée Merleau-Ponty avec cette horde de journalistes qui guettent le moment où l’homme public va perdre toute son aura et redevenir un simple individu. Ou bien que ces photos sont le reflet d’une hypocrisie organisée autour d’une démocratie en trompe-l’œil dont les partis politiques ont fondu au profit d’un consensus en faveur du capitalisme. De notre côté, nous penchons bien entendu vers la deuxième solution en sachant que Gordon Brown a plus de points communs avec son successeur David Cameron qu’avec Karl Marx dont les idées ne semblent pas l’avoir même effleurées.
La France est déjà en train de vivre la même évolution politique. Si lors des prochaines élections présidentielles l’affrontement se joue entre Dominique Strauss-Kahn et Nicolas Sarkozy, la fin des parties politiques et plus particulièrement de la gauche aura sonné. Car dans ce principe d’effacement, c’est la toujours la gauche qui disparait au sein de notre belle Europe libérale.