Ouf ! Ils ont perdu ! Et c’est un soulagement car on ne peut pas gagner n’importe comment et avec n’importe qui… n’en déplaise à certains.
Ceux qui se plaignent de la curée de la presse essayent de leur trouver des circonstances atténuantes en disant que ce n’est pas pire que le gouvernement. En effet ce n’est pas pire, c’est pareil, car comme l’a noté Corinne Lepage, cela relève en amont du même état d’esprit, de la même mentalité « tout fric » et « tout est permis », du même coté bling-bling.
Entre les vacances sur le yacht de Bolloré, le « casse toi, pauv’ con », l’hôtel de luxe et le « vas te faire e… sale fils de p… », il n’y a pas beaucoup de différence. Même arrogance, même mode de vie VIP. Avec en plus pour l’équipe de foot une ambiance classe de ZEP : organisation clanique, main-mise des caïds sur les « bouffons » et absence d’autorité de l’encadrement.
« Domenech, c’est le personnage joué par Bégaudeau dans Entre les murs. Au cinéma, ça peut sembler “sympa”. Dans la vraie vie, c’est ravageur »
note judicieusement le directeur de l’Etudiant, tandis que le journaliste sportif G.Davet disait ceci dans Le Monde :
« Il semble bien qu’il y ait d’un côté les provinciaux, type Lloris, Toulalan, Gourcuff, mais aussi Govou. Puis les gens issus des quartiers dits sensibles, type Ribéry, Anelka et autres. Et enfin les électrons libres comme Malouda, et les anciens, comme Henry ou Squillaci. »
mais aussi ceci dans le journal suisse Le Temps :
« Fils de profs, belle gueule, discours pesé, Gourcuff a tout pour plaire à une certaine France du football, celle des matches de vétérans, les dimanches matin à Yvetot ou Montlouis, juste avant le gigot familial. Et déplaire à ses nombreux collègues issus des cités dites sensibles, où l’on n’aime guère les premiers de la classe.
Il y a des clans, en équipe de France, les Noirs d’origine antillaise, les Noirs d’origine africaine, les Blancs, les musulmans, ceux qui jouent à l’étranger, ceux qui sont restés en France, et on en passe. Le monde du football épouse les contours de la société française, et Gourcuff en est aujourd’hui la victime, trop isolé pour prétendre s’imposer en douceur. Raymond Domenech est fin psychologue. Il le sait, il le sent. Surtout, il n’a plus le temps. Foin de romantisme, tout laisse à penser qu’il va sacrifier Gourcuff sur l’autel du pragmatisme. Pour la philosophie du jeu, on repassera. »
Alain Finkielkraut fait le même parallèle entre l’école et le foot. En forçant le trait comme à son habitude, il parle de « l’esprit de Cité » dévoré par « l’esprit des cités » :
Alors évidemment la gauche bien pensante lui tombe dessus à bras raccourcis parce qu’il ne faut pas « stigmatiser » la banlieue, avec en filigrane une accusation de racisme. Mais comme dit M. Szafran à propos de J.Dray qui est dans ce même genre de posture :
Une fois encore, l’autisme d’un représentant de la gauche dite « convenable », dite « morale » ; une fois encore, l’incapacité chez un élu socialiste de prendre en compte le réel – ces millions de citoyens scandalisés par la tenue (ou plus précisément par l’absence de tenue) d’adolescents retardés (et milliardaires) ; une fois encore, le refus d’entendre ce qui monte de la rue, des bistrots, des villages : le haut de cœur, le dégoût provoqué par ce déferlement d’indécences et de richesses. La place du socialiste Julien Dray aurait dû être aux côtés de ces Français-là, secoués par trois années de gouvernance sarkozyste, traumatisés par une crise économique et sociale dont ils subissent les effets au quotidien…
Vu la vitesse à laquelle certaines affaires se sont réglées (Boutin qui renonce à son salaire de chargée de mission, Joyandet qui renonce à son permis de construire, Bettencourt qui annonce qu’elle va régulariser sa situation fiscale…) – alors que les scandales politico-financiers dénoncés par Le Canard enchaîné ne sont pas une nouveauté - j’ai l’impression que la droite semble prendre conscience de cet état d’esprit. Elle marche sur des oeufs.
Si l’on ne veut pas que la France explose de rage alors que la rigueur s’annonce, il serait judicieux de s’attaquer aux dépenses publiques qui n’ont pas lieu d’être ; par exemple, pour revenir au foot, arrêter de subventionner directement ou indirectement les clubs de foot professionnels… Qu’ils se débrouillent avec Adidas et Coca Cola.
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