Qu’il est oublié depuis! On ne se souvient de lui que grâce à des raisons périphériques.
D’abord une impertinence de Paul Valéry. France était à l'Académie française. A sa mort, Valéry lui a succédé sous la coupole. L’usage est que le nouvel arrivé fasse l’éloge de son prédécesseur. Mais Valéry a réussi le tour de force de ne pas citer une fois son nom: une manière d’accuser le défunt de nullité.
Autre motif pour nous plonger dans cette œuvre: le rejet de Bernanos. Il décrit un personnage inspiré par France dans Sous le soleil de Satan. Un vieil écrivain impie, insignifiant et comblé vient voir le saint pour comprendre raisonnablement sa folie.
De tels dédains ne peut pas se porter sur un écrivain complètement inintéressant. Voyons donc un de ses livres.
Anatole France publie Les opinions de Jérôme Coignard en 1893. C’est une manière d’exposer son scepticisme léger et superficiel.
Sa prose lisse et sa sagesse désabusée glacent tous les enthousiasmes. Ses idées, si elles ne sont pas justes, sont au moins raisonnables et utiles. Appliquées, elles éviteraient le pire et inciteraient à regarder les institutions d'un œil méfiant, mais à considérer également ce qu'elles ont d'indispensable, et la somme de douleurs que provoque une révolution.
Qu'est-ce qui manque donc à notre auteur pour toucher la cible? Il a de la culture, de l'érudition, du métier mais il ennuie. Trop d’abstraction, un manque de vitalité. Quelque chose de trop bourgeoisement restreint.
Mais on lira une autre chose de lui avant de se faire une opinion définitive.