Bien fait! Il y a tout de même une justice : les gagnants de cette coupe ne seront pas des tricheurs impudents. Les yeux de la France sont donc rivés sur les faits et gestes d'une bande de gamins gâtés et sans éducation - reflet patent d'une société qui se relâche et "s'égoïsme " à tout va. Alors on rit de voir les supporters accuser les joueurs de ne pas être responsables alors que peut-être ces jeunes ne sont que le reflet d'une société qui se déresponsabilise et joue les enfants attardés jusqu'à ce que la cinquantaine s'en suive....peu importe au final, il y a juste quelque chose de jubilatoire dans cette défaite : comme au jeu de l'arroseur arrosé.
Lundi soir, alors que résonnaient les vuvuzélas dans le stade et swinguaient les français dans les rues pour la fête de la musique, France 5 diffusait un documentaire remarquable réalisé par Mickaël Davies datant de 2007. On y découvrait en Afrique du sud, "le pays en paix le plus violent du monde" la réalité des prisons. Ainsi malgré l'abolition de l'Apartheid depuis plus de 15 ans, les prisons continuent de regorger de détenus noirs qui subissent des sévices terribles ( agressions sexuelles et violences physiques). Et dans cet univers sombre, demeure tout de même un hymne d'espoir.
Ce documentaire suit deux prisonniers et leur tentative de réhabilitation après leur détention. Les deux sont issus d'une prison pour hommes de Joannesburg : Coleman est condamné à 24 ans de prison ferme pour vol à main armée. Il est l'instigateur d'une chorale qu'il mène avec une discipline admirable. Par le chant, ses choristes - bagnards apprennent la notion de fraternité et se découvrent des potentiels jusqu'alors inconnus. Chanter développe des valeurs d'entraide, de solidarité, de respect mutuel et reconstruit des individualités souffrantes et blessées. Lorsque la victoire d'un concours de chant et son atmosphère euphorisante envahit l'écran de notre téléviseur, notre regard européen ne peut que s'émouvoir et gronder à l'injustice contre le traitement et le manque de considération infligés à ces garçons méritants. Le deuxième prisonnier sur lequel la caméra s'attarde se nomme Jabulani : à peine sorti de l'adolescence, il est incarcéré pour 7 ans. A sa sortie de prison, nous le suivons dans ses tentatives d'embauche infructueuses - du fait de son casier judiciaire- et son retour dans le bidonville. C'est pourtant grâce à sa persévérance et à la rigueur que l'expérience du chant lui a transmise que Jabulani réussira à décrocher un poste de serveur dans un restaurant, à se confectionner un toit et à rebâtir un avenir meilleur. De son côté Coleman ne saura pas renoncer à sa passion de la musique et redeviendra chef de choeur , en tant que salarié de la prison, de retour parmi "ses garçons". Un documentaire prenant!
Face à cette réalité dure et impitoyable, les chants de ces prisonniers sont un pansement salvateur face à un pays qui a encore tout à construire et à améliorer . Et en opposition, nos piaffements scandalisés d'européens choyés et protégés devant la bêtise intrinsèque d'un groupe sportif prennent toute leur dimension ridicule et vaine.
A voir:
Titre: Le chant des prisons
Documentaire de 88 minutes
Auteur: Mickael Davies
Producteur: Essential Viewing Group
Date de sortie: 2007.