Catherine Maunoury va diriger le musée de l’air et de l’espace du Bourget.
C’est une belle surprise : Catherine Maunoury a été choisie pour succéder ŕ Gérard Feldzer ŕ la direction du musée du Bourget. Un choix qui crée la surprise en męme temps qu’il réjouit. Une pilote succčde ŕ un pilote.
Catherine Maunoury est une vraie championne, reconnue, admirée, en męme temps qu’elle affiche une personnalité peu commune. Elle a passé son brevet ŕ 17 ans avant d’aborder la voltige trois ans plus tard, c’est-ŕ-dire avant d’obtenir …une licence de philosophie. Il est d’autant moins étonnant qu’elle soit, aujourd’hui, membre de l’Académie de l’air et de l’espace (section histoire, arts et lettres).
La célébrité lui est venue avec deux titres de championne du monde de voltige et, au-delŕ de cette reconnaissance absolue, dix titres de championne de France et aussi, entre autres, celui de championne d’Europe de libre intégral. Un parcours plein de médailles d’or et d’argent qui inspire le respect. D’autant qu’il est tout en sourires et gentillesse.
Un tel palmarčs prépare-t-il ŕ la direction d’un grand musée ? La réponse est sans doute affirmative dans la mesure oů la maîtrise de soi et de grandes capacités d’analyse sont indispensables pour piloter l’institution du Bourget. Laquelle est forte d’une équipe de plus de 100 personnes et riche de collections exceptionnelles, admirées l’année derničre par 300.000 personnes. Depuis que le ministčre de la Culture a instauré la gratuité, les visiteurs sont plus nombreux.
En cinq ans, Gérard Feldzer avait donné un dynamisme nouveau au musée et aurait volontiers poursuivi sa mission s’il n’avait buté sur une incontournable limite d’âge administrative. Catherine Maunoury, pour sa part, n’était pas candidate et il a fallu la solliciter et la convaincre.
Reste le fait que le musée du Bourget n’est pas en vol de croisičre. Il s’étoffe, ouvre de nouvelles salles, enrichit inlassablement ses collections mais n’arrive pas ŕ franchir le pas d’une plus grande popularité. Les Français s’intéressent ŕ l’aviation, ils sont fiers des réalisations anciennes et récentes mais ne sont pas disposés pour autant ŕ affronter les bouchons de l’autoroute A1 ou ŕ goűter aux charmes de la porte de la Chapelle et ŕ ceux de l’autobus 350. C’est lŕ que réside Ťleť problčme, sans cesse évoqué depuis que le site ancestral de Chalais-Meudon a été abandonné. Mais que faire ?
Il y a quelques années, il avait été question de rapatrier le musée dans Paris intra muros ŕ l’occasion de la rénovation du Grand Palais. Un retour aux sources puisque c’est lŕ que l’aviation française naissante a tenu salon pour la premičre fois dčs 1908. L’idée était séduisante, ŕ l’image d’un bâtiment imposant et d’un emplacement prestigieux, mais tout simplement irréaliste. Il a fallu se rendre ŕ l’évidence, le Grand Palais est trop petit et inadapté.
Tôt ou tard, Catherine Maunoury sera amenée ŕ s’exprimer sur ce thčme. On imagine volontiers qu’elle vantera le charme désuet de l’aérogare du Bourget, le bon usage qui est fait de ses vastes halls, de l’avantage d’ętre implanté sur un aéroport. Dčs lors, ŕ n’en pas douter, il sera ŕ nouveau question de l’espoir d’une desserte plus commode, plus confortable, qui donne enfin au musée l’audience que méritent ses trésors historiques. Et, une fois encore, pour illustrer ces propos, sans doute fera-t-on référence ŕ l’Air and Space Museum de Washington, star de tous les musées de l’aviation et de l’espace et le plus visité de tous : 7 millions de visiteurs l’année derničre.
C’est un sacré défi qui attend notre championne. Nul doute qu’elle s’attache ŕ le relever avec force et dynamisme, aidée par un fort capital de sympathie et de solides bonnes volontés.
Pierre Sparaco - AeroMorning
Notre illustration : Catherine Maunoury en compagnie du chroniqueur d’AeroMorning, devant une œuvre du regretté Dominique Maunoury, architecte, pilote et peintre de l’Air.
(Photo: Catherine Lari).