Privatisation...
Le 15 juin dernier, l'Assemblée nationale a adopté le projet de loi portant sur la nouvelle organisation du marché de l’électricité. Le texte met en place à titre transitoire un accès régulé et limité à l’électricité nucléaire produite par EDF. Les conditions de cessions par EDF à ses concurrents distributeurs, dont le volume d'électricité ainsi vendu, seront définies par le gouvernement, «en fonction des caractéristiques et des prévisions d’évolution de la consommation finale effective des consommateurs finals» et dans un plafond défini par le ministre concerné. Ce plafond sera progressivement augmenté: «À compter du 1er août 2013, les droits des fournisseurs sont augmentés de manière progressive en suivant un échéancier sur trois ans défini par arrêté du ministre chargé de l’énergie, pour tenir compte des quantités d’électricité qu’ils fournissent aux gestionnaires de réseaux pour leurs pertes».
Les réactions à cette aggravation de la privatisation de la fourniture d'électricité en France ont été faibles, occultées par la réforme des retraites puis la polémique Woerth-Bettencourt. Le ministre Borloo a démenti toute hausse des tarifs de l'électricité à cause cette mise aux normes européennes du marché français: «J'ai entendu dire ici ou là qu'il pourrait y avoir des augmentations de tarifs. Evidemment non !» Le marché étant un peu plus déréglementé, cette posture est stupide. Borloo a ajouté que cette concurrence renforcée serait même favorable au maintien de prix bas. «Nous avons des prix de l'électricité à peu près 30% inférieurs à la moyenne européenne. Il faut qu'on maintienne pour les consommateurs et pour les industriels cet avantage compétitif, c'est ce que ce texte permet de faire». Ces tarifs ont déjà augmenté de 9,7% en moyenne, en avril dernier, pour les ménages. Et 3,5 millions de ménages précaires ont du mal à acquitter leurs factures d'énergie, rappelait un député socialiste. Jusqu'à maintenant, EDF répercute insuffisamment le coût de rénovation de son parc de centrales nucléaires. Qu'en sera-t-il demain, quand l'entreprise publique sera obligée de céder à des tarifs réglementés, jusqu'à 25% de sa production nucléaire à des concurrents?
Austérité...
Nicolas Sarkozy a laissé son secrétaire général Claude Guéant annoncer de nouvelles réductions budgétaires... à la presse anglo-saxonne: «Il y aura d'autres annonces. Nous devons faire plus, bien sûr. Beaucoup plus» a-t-il confirmé au Financial Times. La démarche est incongrue. L'homme n'est pas élu, ni membre du gouvernement. Il s'est érigé en porte-voix du monarque, avec le soutien de ce dernier. Ce n'est pas la première fois qu'on s'interroge sur sa légitimité institutionnelle à parler de tels sujets politiques. Les premières pistes d'austérité supplémentaires ont été mentionnées par les Echos. On ne peut pas dire que l'on est surpris. Le gouvernement cache mal ses efforts à plaire aux marchés :
- réduction de 100 000 nouveaux postes de fonctionnaires de 2011 à 2013, dont 34 000 l'an prochain. L'Education nationale perdra 16 000 emplois, et la police retombera, dès 2011, a son niveau d'effectifs de ... 2002. La gendarmerie, de son côté, va voir ses effectifs baisser de 3.500 entre 2009 et 2011, sur 98.000 postes au total, rappelle le journal :
Le gouvernement est déjà parvenu à faire annuler certaines niches fiscales mises en place pour satisfaire les engagements verts du Grenelle de l'environnement, comme la défiscalisation de la vente d'électricité produite par certaines installations photovoltaïques. D'autres suppressions suivront.
Le Financial Times évoque également de son côté un gel des salaires des fonctionnaires l'an prochain. Les négociations sur l'évolution salariale de la Fonction publique débutent vendredi, le lendemain du mouvement de grève annoncé par les syndicats au sujet des retraites. Depuis 2006, les rémunérations de la Fonction Publique n'ont jamais dépassé 1%, oscillant entre 0,5% (2006) et 0,8% (les autres années).
... et Sarkozy ?
Mardi, le monarque rendait visite à François Bayrou. Un éventuel rapprochement entre les deux hommes a été fermement démenti par le leader centriste. Ce dernier n'accepte pas qu'on puisse douter de sa parole d'opposant. Il faut dire que ce dernier est resté plutôt en retrait du débat sur les retraites. Tout juste a-t-il commenté que la réforme projetée par Sarkozy et Woerth n'était pas équitable. Nicolas Sarkozy a choisi de soutenir le patron du Modem. Le Figaro appelle cela une stratégie d'apaisement. Nicolas Sarkozy cherche à rassurer l'électorat centriste d'ici l'élection présidentielle de 2012.
François Bayrou s'est montré quelque peu plus offensif contre l'attitude d'Eric Woerth. Le ministre du Travail, justement, est abasourdi par cette polémique. L'UMP fait bloc derrière le ministre. Mais l'affaire a gentiment glissé vers le vrai sujet: la confusion des genres. Eric Woerth cumule les fonctions de trésorier de l'UMP et de ministre. Après de multiples tentatives de riposte à l'UMP, le ministre reste stoïque. Dimanche, Eric Eric Woerth lui-même annonce la démission de son épouse de la société gestionnaire de la fortune de Mme Liliane Bettencourt. Quelques heures plus tard, Florence Woerth contredit son mari.
Nicolas Sarkozy, de son côté, reste toujours étonnamment discret. Pas un mot sur Woerth, ni sur les prochaines mesures de rigueur, encore moins sur la nouvelle ouverture du marché de l'électricité. Sur le renforcement de la concurrence du marché de l'électricité, il marche sur des oeufs. En 2004, il promettait à un syndicaliste qu'il n'y aurait pas de privatisation d'EDF ni de GDF. Voici la première confrontée à une vraie concurrence. Quant à la seconde, GDF est privatisée depuis bien longtemps...
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