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Laisser se faire le voyage
Longue cohorte de maisons roulantes
Colorées et chaleureuses jusque dans l’exil
*
Une guitare gémit dans une nuit brumeuse
Un feu lance ses éclats
Brise l’uniformité du noir
Tête posée dans l’herbe tendre
Se laisser porter par les rêves infinis
*
Il n’est pas de lieu ni de temps
Ici
Qui sache nous inviter aux délices
Toujours nous devonsnous justifier d’exister
*
Nous ne sommes rien
Sans paravent d’un rôle social
« Que fais-tu en cette vie ? »
« Je vis, et c’est un drôle de pari »
*
Nous ne sommes rien hors étiquette
Nous ne sommes rien hors reconnaissance
Nous ne sommes rien hors ce champ
Qui nous rend méconnaissable
*
Nous ne vivons que par délégation
Nous ne sommes qu’à condition d’avoir
Etre et avoir
Avoir et être
Gueule ouverte
Crever
De ne rien avoir
De ne rien posséder
Vous interdit d’être
*
Il faut montrer la patte blanche de ses possessions
Pour justifier d’une existence au regard du monde
Point de salut hors ce qui est palpable
Monnayable
Tout s’achète et se vend jusqu’aux âmes damnées
*
Que mes yeux contemplent le ressac
Ou le fil d’un ruisseau
Je suis réputé ne rien faire
Que mes oreilles captent
Les musiques d’un monde au-delà de celui-ci
C’est de folie qu’on m’accuse
*
Je te délaisse
Toi qu’une musique habite depuis toujours
Je reprends le baluchon de mes pères
Suis un chemin buissonnier
Avec l’intime espérance
D’y rencontrer mes rêves
*
Tu y séjournes dans toute ta beauté
Muse qui m’accompagne en mes secrètes aurore
Nous nous baignons en des étangs de pureté
Lavons les scories du temps
Entre deux symphonies de nuages
*
Ce monde là n’a cure de nos statuts
Il ne connaît que la vie
Indicible et inconnue
.
Celle qui sait nous surprendre
Au détour d’une longue nuit
Dans l’aube délicate d’une rose enfin éclose
.
Deux larmes de rosée s’y déposent
C’est tendre baiser offert
.
Manosque, 11 mai 2010
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