Il s'est passé, samedi dernier, un fait troublant et significatif je crois : Au moment où la France gagnait son match de sélection à la coupe du monde contre l'Irlande, sans provoquer aucune
manifestation de joie dans les quartiers nord de Marseille, une foule en colère, venue en grande partie de ces mêmes quartiers nord semble-t-il, se répandait dans le centre ville et s'en
prenait à tou ce qui bougeait, car l'équipe d'Algérie venait de perdre contre l'Egypte.
En 1986, lorque j'étais coopérant en Algérie, tout le monde supportait l'équipe de France et me félicitait, moi qui n'avait rien avoir avec les performances de nos joueurs, le jour où notre équipe
avait battu le Brésil en quart de finale.
C'était en Algérie, un pays où les gens n'avaient pas, en tout cas à l'époque, de haine envers nous, malgré le mal que nous avions pu faire pendant la colonisation. Ils rêvaient tous, au contraire,
d'obtenir un visa pour l'Hexagone et mes amis restés là-bas me disent que c'est toujours le cas, encore plus qu'auparavant même....
Mais nous ne sommes pas de l'autre côté de la Méditerrannée, et les réactions des Français d'origine algérienne sont différentes de celles que j'ai connues là-bas, et sans doute de leurs
compatriotes qui voudraient bien, eux, vivre dans le pays honni par certains de leur cousins devenus citoyens Français ou titulaires d'un titre de séjour.
Samedi soir donc, le centre ville de la cité phocéenne était saccagé par une foule venue des quartiers nord, (encadrée sans doute il est vrai par quelques casseurs et caïds) en colère. Les casseurs
étaient mécontents du sort que les Egyptiens avaient réservé à l'équipe d'Algérie, caillassée et harcelée par des supporters fanatiques à leur arrivée au Caire. Vous ne révez pas, ces émeutes n'ont
pas été causées en relation avec des faits s'étant déroulés en France, ou pour un forfait perpétré par l'état français contre des Algériens hors de notre territoire. En côte d'Ivoire, les Français
étaient pris à parti en raison d'une complicité supposée de la France avec la guérilla anti gouvernementale. Là, on peut comprendre, à la rigueur, quoique les commerçants et coopérants francais en
résidence à Abidjan à l'époque n'aient été en aucune façon impliqués dans les conflits intra-nationaux en cours.
Pour ce qui concerne les "incidents" de samedi dernier, il s'agit bien de faits impliquant des Egyptiens (et peut-être les autorités égyptiennes) contre des Algériens, dans lesquels la population
et les institutions françaises n'ont été nullement impliquées. Les commerçants dont les vitrines ont été cassées, les propriétaires de bateaux incendiés, la femme (d'origine maghrébine visiblement)
que l'on montrait à la télé et dont la voiture avait été caillassée et l'enfant blessé, n'avaient bien entendu rien à voir avec le lynchage de l'équipe algérienne en Egypte. Qu'à cela ne tienne..
Le juste courroux des minorités vivant sur notre territoire et qui se sentent humiliées, laissées pour compte, s'exerce désormais à l'aveugle, au hasard, comme si la France ne pouvait qu'être
responsable de tous les malheurs qui frappent, ailleurs, les peuples dont sont originaires certains français de souche étrangère. On ne se contente plus de brûler les voitures pour venger un jeune
des cités qui s'est tué en s'enfuyant afin d'échapper à la police. On verra bientôt la juste colère des opprimés s'exercer contre les symboles de la république ou de simples citoyens se baladant
dans la rue, en raison d'un tremblement de terre à Sétif ou d'une inondation au Sénégal ou d'un tsunami aux Commores.
La France est en passe de devenir, pour certains français issus de l'immigration comme on dit, ce que "l'entité sioniste" était pour la télévision algérienne lorsque j'étais coopérant là-bas.
Il ne se passait pas un jour sans que cette fameuse "entité sioniste" (notez bien : pas Israël, mais une "entité", pas un pays, un machin, un truc inventé par le grand satan occidental) ne fût
rendue responsable d'un méfait commis contre les pays du Moyen Orient et du Maghreb : guerre, famine, crise économique, sécheresse, etc.....
En plein débat sur l'identité nationale, ça fait désordre. C'est Le Pen qui doit se frotter les mains, à quelques semaines des élections régionales, comme il doit se les frotter chaque fois que la
Marseillaise est sifflée dans un stade.
J'entends déjà certains adeptes de la théorie du grand complot nous dire que ces événements ont été ourdis par des casseurs de la police pour donner raison à Sarko et à Besson d'avoir lancé le
débat sur l'identité nationale..........