J'en ai eu la confirmation tout récemment quand j'ai décidé de faire appel à un membre de cette secte (?) pour me rendre de la gare à la maison. La tribu vit dans les sous-sols de la gare bien à l'abri de la lumière et d'une rencontre inopportune avec d'autres humains. Agglutinés les uns aux autres, les membres restent tout près de leurs boites métalliques pour fumer et discuter dans leur patois bien spéciale et n'aiment pas être dérangés pour quitter leur tanière, surtout s'il ne s'agit pas d'une longue transhumance vers d'autres trous bien protégés.
J'arrive quand même à apprivoiser une des ces étranges créatures. Une fois mon adresse donné, le membre de cette confrérie ne sait pas la situer. Bon, la ville est grande et être taxi ne veut pas dire que l'on connait tous les coins et recoins de la planète Mars. Je lui donne donc un indice de plus, "près de la place de Lenche". Il s'illumine et me lance "St. Barnabé"! Soit le homo taxibus me prend pour une estrangère qu'il peut promener à sa guise, et celle de son compteur, à travers la ville, soit il ne la connait vraiment pas. Je lui indique donc le chemin le plus court et voilà la créature se replie sur elle même, fâchée car ma valise est déjà dans le coffre et moi dans l'habitacle et il serait donc laborieux de déloger valise et enquiquineuse... On se met en route et quitte le trou sombre. La conversation n'est pas le fort du taxi, au moins avec son passager, car au téléphone il sait quand même parler. A la question s'il a déjà pris les cours d'anglais sensés de les pourvoir d'une langue supplémentaire, l'homo taxibus grogne "pas encore". Le code de la route ne lui semble non plus être autre chose qu'une vague nuisance, des clignotants sont peut-être réservés pour Noël ou une autre fête des lumières, qui sait...?
On arrive, et l'étrange énergumène me demande 10 € (non: 9,60 pour être tout à fait juste!). Prix tout à fait extravagant pour une course de 2,5 km à une heure de la journée où il n'y avait pas de circulation encombrant - même pas de voiture d'éboueurs en vue, ni de chantier pour ralentir opportunément un peu la course folle du véhicule voire la stopper toute nette pendant un certain temps et qui n'a donc pas pris plus qu'environ 5 minutes...
Voilà encore quelques efforts à faire pour affronter en 2013 Marseille "capitale de la culture" - sauf si l'on s'est définitivement décidé à déclarer cette année "capitale de la Merguez"!
P.S. Il ne faut pas oublier non plus que le grand manitou de cette tribu a ses bureaux à la Mairie, et est donc bien placé pour défendre bec et ongles ses ouailles contre les attaques des vélos-taxis et autres menacent sombres.