Souhaitons la bienvenue à EB au sein de très prestigieuse rédaction du Blog d'Isaac (Il y a le NY times et nous ...). Et chers lecteurs, nous ne doutons pas une seconde que vous lui accorderez le meilleur accueil.
Tout comme Bernard Guetta, Alain Finkielkraut a réussi ce matin à m’intéresser au football. Il m’a convaincue du caractère indigne et révoltant de cette équipe, notamment en mentionnant ce joueur – faut-il le nommer?- exclu avant hier pour avoir traité son entraîneur de « fils de pute » au nom d’un égo susceptible et tyranique – entre autres. Ce même joueur avait réclamé déjà il y a quelques années que son entraîneur se mette à genoux et s’excuse s’il voulait qu’il revienne jouer dans l’équipe de France « dont il a n’a pas besoin ». Finkielkraut nous cite Gourcuff, le fils d’entraîneur venu d’un milieu plutôt aisé devenu le bouc émissaire de cette équipe de caïds qui fait régner sur le terrain et dans les vestiaires, l’esprit de la cité, de la caille-ra, pas celui des éducateurs qui essaient d’y insuffler de l’espoir, du respect, une certaine morale. Non cette équipe ne représente plus la France, pas parce qu’elle est black blanc beur ou parce que les joueurs sont de confessions religieuses et d’origines sociales différentes, mais parce que, encore pour citer Alain F. elle ne respecte plus ce qu’Orwell appelait la décence ordinaire. Il dénonce ce manque de respect, cette perte de valeur de la part de notre médiocre équipe de France.
Tout comme Bernard Guetta, Alain Finkielkraut ne m’a en revanche absolument pas convaincue – je dirais même qu’il a subitement perdu toute crédibilité à mes yeux- quand il a affirmé que par ailleurs le « Casse-toi pauvre con » était un détail, un emportement humain normal de la part d’un président de la république ; que le « Quand il y en a un ça va quand il y en a plusieurs… » de Brice Hortefeux était aussi une malheureuse petite maladresse sans conséquences entendue dans une sphère privée. Lui qui vient de nous démontrer qu’il fallait être attaché à cette décence ordinaire jusque dans les vestiaires (là où tout ce qui se dit l’intéresse et le concerne, à l’instar de ce qui se passe dans une salle de classe),il justifie d’un coup tous les débordements « off the records » de la part des représentants de notre pays. De même que lui qui est professeur ne répond pas dans un établissement scolaire de sa réaction contre un élève qui l’agresserait en lui disant par exemple « Me touche pas tu me salis ». Quelle brutalité, quelle violence, dit-il! Il vient donc se contredire en légitimant le même égo tyranique et susceptible qu’il dénonçait un paragraphe plus haut. Subitement au nom de l’institution (gouvernement, école) on peut dire n’importe quoi et s’emporter car il « sait trop ce que c’est qu’être un être humain ». Et pour paraître plus crédible dans sa flagornerie à l’égard de Nicolas Sarkozy et de son gouvernement, il tempère en citant le « pas vu pas pris » de la première Dame de France à propos de la main de Thierry Henri comme un pavé dans la mare, quelquechose qui n’aurait pas dû être dit.
Monsieur Finkelkraut nous a construit une dissertation en direct, dont le sujet aurait été « La décence ordinaire : art de vivre ou luxe inutile? » En première partie il a développé la thèse « La décence ordinaire absolument nécessaire pour certains représentants d’un pays : l’équipe de France au mondial de foot en Afrique du Sud ». En seconde partie dans l’antithèse il nous a énoncé « les limites de la décence ordinaire : luxe futile et accessoire pour d’autres représentants de la France, des institutions : exemple du président de la république au salon de l’agriculture».
En guise de conclusion, il aurait sûrement dit: il y a représentants de la France et Représentants de la France. Oui mais comment faites-vous votre arbitrage ?Monsieur le philosophe, briguez-vous une place de « Henri Guaino de la Philosophie » aux côtés du président?
eb.