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Parce que tu choisis pas vraiment la personne qu’il faut…

Par Leschatserrants

Parce que tu choisis pas vraiment la personne qu’il faut…

-C’est vraiment simple, fit A. avec un petit rire, qui la vieillissait soudain de plusieurs années, comme si ce qui lui était arrivé ses derniers mois l’avait poussé brutalement chez les adultes. J’étais amoureuse d’elle et je me suis dit : « On sait jamais, si ça se trouve elle apprécie les filles, et puis au pire tu te manges un râteau mais tu survivras ». Je me suis jeté à l’eau alors qu’on était seules dans les vestiaires après la danse. Elle a été surprise. Ensuite elle m’a dit qu’elle avait toujours voulu essayer avec une fille mais qu’elle avait peur. Alors chaque fois qu’on se voyait seule, on était comme un couple, quoi. On se montrait pas parce qu’elle s’en sentait pas capable mais on s’amusait vachement quand on était que toutes les deux. Et un jour, elle s’est ramenée au lycée avec un mec. Son comportement a changer, elle faisait des efforts pour être gentille mais je sentais bien que je la dégoutais. C’était une vraie torture de la voir smacker son mec, lui faire plein de câlins, en me disant qu’il n’y pas si longtemps c’était à moi qu’elle les faisait…

Dans ces moments la, je ne savais jamais quoi dire: cette fois n’a pas dérogé à la règle. Je regardais A., je voulais la consoler mais je n’osais même pas la prendre dans mes bras. Je savais trop bien qu’il ne serait que d’une efficacité limitée.

Elle et moi n’avions jamais eu de problèmes horriblement dramatiques et insurmontables. Mais l’accumulation de contrariétés et de tristesses prenant de plus en plus d’ampleur, avait fini par nous faire imploser. Nos problèmes paraissaient triviaux pour la plupart des adultes pour qui ce n’était que des chichis -excepté nous et c’était bien la seule chose qui comptait.

L’arrivée à Paris ne fut pas joyeuse- pour ne pas dire carrément triste. Une fois à la gare, nous comprimes que nous étions encore paumées : le seul point positif étant qu’être paumé à plusieurs est moins sordide que de l’être seule.

J’étais persuadée que nous avions quitté la ville pour fuir  nos malheurs: maintenant que nous revenions, tout redevenait comme avant. C’était du masochisme total. Paris me fatiguait, je ne faisais que errer, sans fin et maintenant nous étions trois.

A cette heure ci, il n’y avait plus aucun métro ni bus. Nous n’avions pas d’autre choix que de prendre un taxi mais, une fois assises sur la banquette arrière, quand le chauffeur nous demanda ou nous allions, nous fûmes incapables de répondre. Je savais que la solution qui s’imposerait tôt ou tard serait de rentrer chez nous car après tout, nous étions assez chanceuses pour avoir un foyer et un lit chaud qui nous attendait.

Je connaissais trop bien O. et A. pour savoir qu’elles craqueraient bientôt, mais moi, si j’avais fui, ce n’était certainement pas pour revenir à la maison.

Mais l’idée de rester seule, encore, à errer était tout aussi insupportable. Au final, je ne savais pas quoi faire, je me sentais carrément oppressée de partout, sans savoir comment en finir.

En désespoir de cause, j’allais indiquer au chauffeure que nous irions à l’hôtel le plus proche quand A., d’une voix triste et éteinte, murmura :

« J’aimerai bien la revoir. Juste une dernière fois. Pour ensuite l’oublier. »



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