Au Japon, le tatouage dès le Vème siècle servait à punir les criminels au même titre que le fait de couper une main ou une oreille. Il avait pour but de marquer l’individu à vie.
Au XVIIème siècle, les prostituées se tatouaient elles-mêmes sur le bras, le dos de la main, la poitrine ou le visage.
C’est donc par cette double pratique (celle du criminel et de la prostituée) que le tatouage a été assimilé aux mauvaises moeurs de la société japonaise. D’où également le mépris des classes supérieures pour ce style ornemental.
Le tatouage au Japon connut son apogée entre le XVIIème et le XIXème siècle grâce à un roman chinois du XIVème siècle intitulé « Au bord de l’eau », dont les héros étaient tatoués de la tête aux pieds. Par la suite, les hommes dont le métier était difficile (pompier, charpentiers…) décidèrent de se faire tatouer. Ils abordèrent alors des tatouages symbolisant des animaux connus pour leur virilité tel que le lion, le tigre, le coq…
En 1872, l’empereur Matsuhito interdit officiellement la pratique du tatouage.
Mais, cette interdiction ne dura que quelques années.
Les motifs des tatouages japonais sont essentiellement figuratifs, tels que fleurs (surtout la chrysanthème qui est la fleur nationale), paysages, animaux (poisson, chat papillon…).
L’un des principaux colorants utilisés est bien évidemment l’encre de Chine, mais aussi le vermillon. Les aiguilles utilisées sont en acier et fixées à un manche en os à l’aide d’un fil de soie.
Dans la tribu japonaise de « Aïnous », le tatouage existait depuis la préhistoire, et essentiellement sur le visage féminin. Cette tradition existe toujours, mais le tatouage n’est effectué que sur les femmes et uniquement autour de la bouche et sur le dos des mains.
Il se réalisait en trois temps avant le mariage :
- entre 12 et 13 ans, le tatoueur incise les mains et y fait pénétrer le colorant.
- à 15 ans, le tatoueur élargit les premiers tatouages.
- à 18 ans, le tatoueur ajoute d’autres tatouages sur les bras, les épaules, et le dos de la main jusqu’au coude.
Le but du tatouage chez les Aïnous est mal connu, et diverses hypothèses ont été envisagées tel que la protection, l’évacuation d’un sang impur, la force…
C’est également au Japon qu’a été mis au point un type de tatouage original, le « tatouage négatif ». C’est un tatouage à la poudre de riz et qui n’est visible qu’à certaines occasions (excitation, bain chaud, sous l’emprise de l’alcool…). Le tatouage se teinte alors en rouge. Les japonais le nomment « kakushibori » [*] qui signifie « tatouage caché ».
Le tatouage est aussi un rituel, il peut marquer l’entrée dans une communauté, comme par exemple pour les « Yakusas ». Les Yakusas représentent la mafia la plus importante du Japon (environ 100 000 membres). Le nouveau membre a pour obligation de se faire tatouer. Les tatouages des Yakusa sont réputés pour être d’une grande richesse artistique, ce sont de véritables oeuvres d’art pouvant recouvrir le corps dans son intégralité.
Les motivations premières du tatouage japonais sont l’appartenance à un groupe et orner son corps d’une oeuvre qui prouve sa virilité. Il est essentiellement pratiqué par les classes sociales les moins élevées, et est également un signe d’identification des criminels et délinquants.
L’histoire du tatouage en Chine est récente. En 1986 a été découvert au nord-ouest de la chine des corps assez bien conservés datant d’environ 3000 ans.
Il a été établi que le tatouage en Chine, à la différence d’autres cultures où il revêt un caractère sacré ou de noblesse, était une pratique populaire.
Selon F. Borel, “En Chine, le tatouage figurait parmi les cinq punitions aux côtés de la mort, de la castration, de l’amputation du nez et des pieds. Le tatouage fonctionne alors comme une marque humiliante et comme une indication publique et facilement discernable ; strictement codifié, il varie de région en région”.
Le tatouage en Chine est très peu étudié, à la différence du tatouage japonais, un grand travail reste à faire dans ce sens.