Avant d’en arriver à une conscience universelle, chaque individu doit vivre, comprendre, puis dépasser les deux premiers états de conscience que sont la sensibilité et le rationnel. Dans le but de faciliter la compréhension du subtil, revoyons rapidement les deux premières consciences.
La sensibilité
Même si la sensibilité n’a plus de secret pour personne, il importe de ne pas perdre de vue, le fait qu’elle soit liée au corps physique comme la pluie au nuage. Par le fait même, elle se retrouve au cœur de la pensée infantile et forcément, elle domine l’univers de l’enfance. Comme il n’y a pas de place pour le rationnel et encore moins pour le subtil, dans cet univers, l’imaginaire se voit contraint d’occuper provisoirement l’espace. N’ayant ainsi que sa sensibilité et son imaginaire pour affronter le monde, on comprend dans quel état de vulnérabilité l’enfant se trouve. La sensibilité est donc notre premier mode de connaissance, elle nous fait vivre des sensations de toutes sortes ainsi qu’une foule d’émotions. Elle apporte, bien entendu, un certain savoir, mais elle laisse tout de même planer un grand flou sur le monde.
Le Rationnel
Autant la sensibilité représente le monde de l’enfance, autant le rationnel évoque celui de l’adolescence avec la découverte du soi et par le fait même de l’intellect. A ce moment là, l’imaginaire en prend pour son rhume, en perdant la moitie de son pouvoir. Désormais, il n’occupera plus qu’un tiers de l’espace disponible. La naissance de cette nouvelle conscience sera à l’origine d’un profond changement d’attitude chez l’ado. On assiste alors à la mise au rancard des contes de fées, des poupées et des G.I. Joe, même papa perd sa toute puissance. Petit à petit, l’enfant disparaît pour laisser place à un ado revendicateur, équipé d’une nouvelle conscience qui exigera maintenant des réponses sensées.
Or, l’arrivé du rationnel n’élimine pas pour autant la place du sensible, désormais l’individu doit vivre avec deux états de conscience radicalement opposés, et il faut bien le reconnaître, la coexistence des deux se déroule rarement dans la joie et l’harmonie. La dualité, présente au sein de sa pensée, fait de l’homme un éternel insatisfait, toujours en manque de quelque chose, toujours en quête d’un inaccessible je-ne-sais-quoi. Le rationnel est donc notre second mode de connaissance, il permet de construire le monde à partir de nos expériences et de faire des tas de découvertes comme les grandes lois de la nature. Mais il reste encore un gros tiers de la pensée occupée par l’imaginaire, un gros tiers qui fait bien l’affaire du sensible, mais qui n’en finit plus d’exaspérer le rationnel. Il reste encore assez d’imaginaire pour faire une prière… assez pour croire à des entités venu d’outre tombe, assez pour croire que plus d’argent, plus de matériel vous rendra heureux… bref, assez d’imaginaire pour croire à n’importe quoi. Comment se sortir de l’impasse? Anne ma sœur Anne ne vois-tu rien venir?
Le subtil
Le voici enfin né le dernier des derniers, celui que personne n’attendait, j’ai nommé le Subtil. Après les peurs et les pleures, après les rires et délires du sensible, après les interminables débats du rationnel, le subtil s’amène avec son ordre, son harmonie et sa justice. Adieu l’ado, le temps a fait son temps, on doit maintenant entrer dans le monde adulte. Mais attention, le subtil ne correspond pas à la conscience des adultes du monde actuel, puisse que ceux-ci vivent encore avec une pensée “dualisée” et mortelle aussi.
Mais que faut-il entendre par le subtil? En fait, on pourrait tout simplement parler d’un effet de transparence, comme si tout à coup, le monde perdait de son opacité. Quand le subtil vient prendre la dernière place, celle qu’occupait jusque là l’imaginaire, apparaît alors un monde tissé aux fils même de la vérité. La disparition de l’imaginaire au sein de la psyché permet à la conscience de baigner dans une lumière sans ombre. Une lumière qui procure une lucidité n’ayant rien à voir avec cette rationalité, qui fait dire aux uns : – on doit se serrer la ceinture et travailler davantage si on veut éviter catastrophe. Le subtil abolie les divisions créées par le rationnel et par le fait même, permet de voir les choses dans leurs globalités.
A suivre