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Truthlive : Patience

Publié le 22 juin 2010 par Crazyhorus

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Si la scène Ouest traditionnelle dite mainstream n’en a pas fini de dépérir, force est d’avouer que son pendant alternatif se porte plutôt bien et suscite un intérêt grandissant depuis quelques années déjà. A l’intérieur de ce vivier intarissable, Truthlive fondateur du jeune label indépendant Interdependant Media (Tanya Morgan, Finale, Canibus…) sort enfin un premier opus après un EP discret (The Unlearning) paru en avril 2010. Partagé entre la gestion de son propre label et l’épanouissement musical personnel, il s’agit toujours avec Evan Phillips de rap. Pour sa propre affaire, cet obscur MC n’aura tout de même pas lésiné sur les moyens, s’offrant les services du beatmaker Jake One qui produit ici l’intégralité de Patience après avoir signé un duo tant attendu avec le jeune Freeway sur The Stimulus Package.

Certes, Turthlive ne possède pas la carrure, ni le flow torrentiel du rappeur de Philadelphie, mais parvient tout de même à exécuter un rap fluide qui s’articule assez bien avec les productions sophistiquées de Jake One. Dans ce sens, Patience est tout sauf un opus décapant qui vous déboitera la nuque à grands coups de beats appuyés. Au contraire, celui-ci prend le contre-pied de The Stimulus Package en proposant un son plus introspectif, à la pesanteur implacable (« Easy »), qui semble vouloir sonder la profondeur du néant (« The Bush Years (We Don’t Need) ») tout en servant un discours que désapprouvera l’ex administration Bush. Le beatmaker de Seattle signe ici des productions classieuses et raffinées (dont « Poetry In Motion » qui rappellera fortement le « Ain’t Got Time To Waste » de Aim) à l’atmosphère intimiste (« That Dude », « Remind Rewind »), parfois torturée (« Nature Of Man »), mais n’abandonne pas pour autant cette touche teintée d’une soule fraiche qui le qualifie si bien (« Ready Set Go », « Proper Context »).

Bien que les qualités de cet album soient indéniables, on ne pourra s’empêcher de déplorer le manque de mordant de Truthlive, dont le flow confère plus au MC lambda qu’au rappeur charismatique. Le manque de percussion se fait nettement sentir, même si les productions n’appellent pas à un flow démesuré. Finale et surtout Ras Kass sur l’admirable « Catalyst For Change » ont alors peu de mal à déborder le MC de leur flow âpre et imparable.

Avant tout, Patience est une galette honnête et cohérente. Le travail de Jake One est savoureux et peut être moins clinquant qu’à l’habitude ce qui n’est pas pour déplaire. Regrettons simplement le caractère trop « raisonnable » de Truthlive qu’on aurait aimé à la hauteur des productions. Mais pour un début c’est plutôt pas mal.   

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