Aung San Suu Kyi est la fille du leader de la libération birmane, le général Aung San. C’est lui qui a négocié l’indépendance de la Birmanie en 1947.
Ce sera à la fois sa plus grande fierté et son plus gros boulet.
La même année, Il est assassiné par des rivaux. Aung San Suu Kyi a seulement deux ans lors de la mort de son père. Elle vit avec sa mère et ses frères à Rangoun (appelée parfois Rangoon ou Yangon), à l'époque capitale du pays.
Sa mère, Daw Khin Kyi, commence à s'engager dans les milieux sociaux et publics, gagne peu à peu une certaine importance dans le paysage politique du gouvernement des années 1950 et 1960 puis est nommée ambassadrice de la Birmanie en 1960 à Delhi, en Inde.
Elle fait des études de philosophie, d’économie et de sciences politiques à Oxford. elle clôturera ses études par un doctorat (phd) à la School of Oriental and African Studies (SOAS) de Londres.
Âgée de 24 ans, la jeune étudiante déménage pour New York en 1969, entame un second cycle d'études supérieures et devient secrétaire-assistante du Comité des questions administratives et budgétaires des Nations unies.
Elle se marie en 1972 à un homme rencontré à Oxford étudiant les civilisations tibétaines. En 1973, elle donne naissance à son premier fils. Puis son deuxième en 1977.
En 1988, Aung San Suu Kyi retourne vivre en Birmanie afin de s’occuper de sa mère vieillissante. Cette année-là, le général Ne Win, leader du parti socialiste au pouvoir, perd peu à peu le contrôle du pays. Des manifestations pro-démocratiques éclatent dans tout le pays. Elles sont violemment réprimées par l’armée. Une nouvelle junte militaire prend le pouvoir le 18 septembre 1988.
Fortement influencée par la philosophie non violente du Mahatma Gandhi, Suu Kyi entre peu à peu en politique afin de travailler pour la démocratisation du pays. Le 27 septembre 1988, avec les anciens généraux Aung Gyi et Tin Oo, elle participe à la fondation de la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND), qui promeut des réformes politiques en Birmanie. Elle en devient la première secrétaire générale et un symbole du désir populaire pour la liberté politique.
Bien entendu ça ne plait pas au pouvoir en place.
Elle est arrêtée le 20 juillet 1989, le gouvernement militaire lui proposant la liberté à condition qu’elle quitte le pays, ce qu’elle refuse.
Elle est mise plus tard en liberté « surveillée ». C'est-à-dire dans sa propre maison sans authorisation de sortie.
En 1990, la junte militaire, sous la pression populaire, met en place des élections générales, qui sont gagnées très largement par le parti de Suu Kyi. La junte militaire refuse le scrutin et annule le résultat des élections. Ceci provoque un scandale international. Toujours emprisonnée chez elle, elle reçoit le prix Nobel de la paix dont elle utilise les 1,3 million de dollars pour établir un système de santé et d’éducation pour le peuple de Birmanie.
Séparée de ses enfants et de son mari qui sont au Royaume-Uni depuis 1988, elle demande le droit d'aller leur rendre visite. Toutefois il devient rapidement évident que si elle quitte le pays elle n'aura plus jamais le droit d'y retourner. La junte militaire srait très heureux de s'en "débarrasser" mais le monde entier les regarde. Son mari est attient du cancer de la prostate en 1997 et la junte lui refuse le droit d'entrer en Birmanie. Il meurt loin de son amour deux ans plus tard. Aung San Suu Kyi ne le reverra jamais.
Elle se voit refuser le droit de rencontrer les membres de son parti plusieurs fois.
Le 6 mai 2002, après une négociation secrète entre les Nations unies et la junte militaire, elle est libérée. Toutefois sa caravane est attaquée dans le village de Depayin par un groupe paramilitaire payé par la junte au pouvoir. Beaucoup de ses supporters sont tués ou blessés durant cette embuscade. Suu Kyi réussit à s’échapper grâce à son chauffeur, mais est arrêtée un peu plus tard. Elle est alors à nouveau emprisonnée à la prison d'Insein à Yangon. Puis transférée en maison d’arrêt en raison de problèmes de santé.
Malade, on la laisse chez elle sans médicaments dans l'espoir qu'elle en meurt. Sa maison est perpétuellement gardée par des militaires. Elle n'a aucun droit de sortie. Sinon celle de quitter le pays, ecortée.
Elle vit sans journaux, sans télé, sans internet, accès qu'on lui a coupé et pour ses 61 ans on lui aussi coupé le téléphone. Son courrier est toujours filtré et elle n'a pas accès aux soins médicaux qu'elle désire.
On la souhaite morte car le monde entier est derrière elle.
Plusieurs tentatives de pressions diplomatiques ont eu lieu de la part des États-Unis, des Nations unies et de plusieurs pays afin de libérer Suu Kyi.
À chaque année qui passe, la junte militaire trouve de nouvelles raison de garder emprisonnée chez elle Aung San Suu Kyi.
En Septembre 2007, elle est exceptionnellement sortie brièvement en pleurs de sa maison à Rangoun pour saluer des moines bouddhistes qui manifestaient contre la junte militaire, pour la cinquième journée consécutive.
Une lettre signée par une cinquantaine d'anciens dirigeants du monde entier (dont Bill Clinton, Jimmy Carter, Jacques Delors) appelle la Birmanie à libérer Aung San Suu Kyi.
Coldplay, R.E.M., Wayne Shorter, U2, Jane Birkin, Jim Carrey ou Damien Rice ont publiquement soutenu Suu Kyi.
Elle dispose d’un soutien assez important au Royaume-Uni et aux États-Unis, via la campagne pour une Birmanie libre (Free Burma Campaign).
Mais à ce jour elle est toujours enfermée chez elle, de moins en moins en santé. Ses enfants n'étant qu'un vague souvenir.
«La Dame» continue de résister à l'un des régimes les plus oppressants de la planète.
Elle a eu samedi dernier 65 ans et comme chaque année elle a tendu le visage par la fenêtre afin d'y voir les ballons que ses supporters ont lancés vers le ciel au risque de leur vie.