L'on ne parle plus que de l'Équipe de France, et moins de ses pitoyables résultats que de son comportement insensé.
Comme je n'y connais rien en foot, je ne m'amuserais pas à chercher les responsabilités, à discuter tactiques ou choix du sélectionneur. Comme en ce domaine le seul critère, c'est le succès, on peut juste dire qu'ils étaient mauvais.
Mais pourquoi sommes-nous si choqués des événements ?
- Après les défaites de 2006 et 2008, jamais Raymond Domenech n'aurait dû être maintenu à la tête de l'équipe. Mais si l'incompétence doublée d'arrogance et de vulgarité (personne n'a oublié l'étalage de sa vie privée au moment même de la défaite, en 2008) était un motif d'éviction ou de démission, si l'impopularité et l'incapacité à communiquer devaient mener à la porte, il n'y aurait plus grand monde aujourd'hui, non seulement au gouvernement, mais à la tête de la plupart des groupes industriels, des banques et de l'ensmble des instances dirigeantes...
- Tout au long de ce Mondial, comme à l'Euro précédent, les Bleus se sont montrés comme de sales gosses trop gâtés, logés dans des hôtels de luxe, et surtout, surtout, préservés du contact
avilissant du public ; on serait tenté de leur rappeler "qui t'a fait roi ?" ; mépris des gosses des townships alentours, qui auraient tellement voulu les voir, les toucher, assister à un
entraînement, faute de pouvoir s'offrir une place dans le stade ; mépris de la presse, accusée de tous les maux quand elle révèle des vérités dérangeantes, mais utilisée à outrance quand il
s'agit de devenir des stars... Mais qui seraient-ils sans la presse, qui seraient-ils sans le public ? A qui doivent-ils l'intérêt des sponsors, et les ponts d'or qui vont avec ?
Mais ce mépris-là, encore une fois, qui le leur a appris ? Sinon ceux qui, à peine élus, se font offrir des vacances de luxe par des amis milliardaires, qui cumulent salaires et retraites, logements et voitures de fonction, émoluments divers et pots-de-vin à plusieurs zéros ? Qui trouvent exorbitants les 600 euros d'une retraite, et s'offrent des parachutes dorés ? Qui jouent délibérément avec l'argent public, tout en exigeant la rigueur - pour les autres ? Ces gens, aussi haïs que les "partisans" et les "fermiers" d'ancien régime, ces laquais devenus financiers, et cumulant, avec l'arrogance que donne le pouvoir et l'argent, la vulgarité et la brutalité des parvenus ? - Une équipe soudée gagne parfois, une équipe qui se déchire perd à tous les coups. Mais qui donne l'exemple des insultes, des "petites phrases", du chaos, du chacun pour soi ? Voudrait-on que les footballeurs soient plus sages et plus moraux que la classe politique française, et européenne ? Le spectacle, à Paris ou à Bruxelles, est moins concentré, mais tout aussi navrant.
- Anelka s'est laissé aller dans les vestiaires à une indigne grossièreté, et il a été exclu de l'équipe de France. On rêve que la même chose arrive à ceux qui répondent "casse-toi pauv' con" à ceux qui les ont élus et à qui ils doivent des comptes, qui se répandent en blagues nauséabondes et racistes et oublient de s'en excuser, sinon par une blague tout aussi glauque (les Arabes et les Auvergnats ont dû apprécier)... Quand allons-nous, enfin, les mettre dans l'avion du retour ?
L'équipe de France n'est jamais que le miroir de la France ; et nous sommes sonnés devant l'image que ce miroir nous renvoie.
Alors, nous aussi, allons-nous enfin avoir un sursaut, chasser les malotrus, les cyniques et les mal élevés, et exiger désormais que ceux qui nous représentent aient un minimum de dignité ? Il est certes scandaleux de brûler le drapeau français. Mais ils sont bien mal placés pour s'en indigner, ceux qui en permanence, se mouchent dedans !