Roman - 350 pages
Editions Robert Laffont - mars 2010
Lucie 29 ans et sa fille Léa s'installent dans le Vaucluse, près d'Avignon. Très vite, la nouvelle tombe, cinglante : Lucie, cette jeune et belle marchande de fromage est atteinte d'un cancer du sein. La peur de mourir bien sûr, mais surtout l'angoisse, l'angoisse de ne pas être en mesure de protéger sa protégée, sa fille adorée. Cette mère qui élève seule son enfant va découvrir un site communautaire sur internet qui instaure une solidarité entre les habitants du village : le site-des-voisins. Ce sont d'abord des anonymes, qui très vite l'écoute avec attention. Au fil des aides échangées, elle met un visage et un prénom sur les pseudos du site. Alberte est cette vieille femme corse surnommée [Corsica], [Hafez] est un médecin iranien, infirmier en France pour cause de non-équivalence de diplôme... Elle, c'est [Mouette], mais sa fille Léa ne doit jamais le savoir, sa maladie doit lui être cachée. Par contre, à [Charlie], cet internaute provocateur mais très attentionné, elle pourrait tout dire...
La mélodie des jours est un livre qui fait souffrir, qui réveille les craintes, qui remue des souvenirs familiaux quand la foutue maladie a ébranlé des vies. Lorraine Fouchet est médecin, l'histoire de Lucie, sa maladie, son opération, son traitement de radiothérapie, sa convalescence, tout est décrit avec le réalisme du quotidien, sans fioritures, sans détour, avec les termes techniques quand il faut, avec les réserves des médecins quand ils doivent. Et c'est pour cela que l'empathie se fait avec ce personnage, impossible de ne pas ressentir ne serait-ce qu'un malaise...
Extrait :
"J'éprouve en premier lieu un soulagement intense, mes muscles se détendent, mes poumons se dilatent, mon coeur retrouve son rythme de croisière. Je remercie le destin, j'ai envie de sauter de joie, il y a sûrement dans cette salle d'attente des patients insouciants à qui le ciel va tomber sur la tête mais moi je n'ai rien, le Dr H. s'est trompée ou plûtot elle s'est inquiétée à tort, je ne lui en veux pas, au contraire, je lui suis reconnaissante d'être si scrupuleuse. Tout va bien, ce soir tu me battras encore au tennis sur ta console, je passerai chez le traiteur chinois nous acheter à dîner, on rira, ma Léa des bois. Je ne suis pas malade !
Puis soudain je me cripse en me rappelant la petite phrase étrange de la femme aux oiseaux : "S'il refuse de pratiquer la biopsie je vous enverrai chez une cytologue que je connais bien." Et je m'affole à l'idée de recommencer à attendre et à angoisser."
Mais La mélodie des jours résonne ensuite come une musique agréable à laquelle on s'attache. Les personnages intrigants, sympathiques ou non, qui gravitent autour de Lucie et sa fille participent à créer un microcosme chaleureux, avec chacun leurs histoires d'installation (Malo le breton ouvre un bar à chocolat, Maïli la jeune vietnamienne aimerait avoir des clients pour ses massages, Darius tente d'obtenir son diplôme français...) et leurs histoires d'amitié, avec surtout la petite Léa qui saura soutenir le jeune [Arobase], enfant en rééducation à l'hôpital et délaissé par ses parents peu compatissants... Et parce que La mélodie des jours donne une place importante aux rapports humains, à l'espoir, au temps qui passe, et à la musique thérapeutique, on s'accoutume, on s'attache à ce livre touchant.
J'ai retrouvé avec plaisir la plume et l'univers provincial solidaire de Lorraine Fouchet, mon homonyme de prénom, que j'avais découverts avec L'Agence. Ici, l'auteure intègre avec brio les textes des échanges cybernétiques.
Au lieu de la play-list de l'auteure, j'écoutais Nina Simone et sa chaude voix dans The Other Woman... Ca n'a pas gâché ma lecture ! ________[merci Schlabaya !]
>>>> Ce roman est un livre voyageur qui a déjà fait un bout de chemin depuis que Schlabaya lui a donné des ailes. Si le coeur vous en dit, il pourrait reprendre sa route pour aller jusqu'à vous ! Faites alors signe !
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