Amazon riposte avec un Kindle à 189$

Par Ebouquin


Décidément, il aura fallu à peine attendre quelques heures pour connaître la riposte d’Amazon au nouveau positionnement tarifaire de son concurrent, Barnes&Noble. En sortant un reader communicant WiFi à 149$ et en passant le prix de son modèle 3G à 199$ au lieu de 259$, on aurait pu penser que le libraire américain avait pris de court ses concurrents. Cependant, la réponse d’Amazon a été si rapide qu’elle confirme que cette baisse de prix était connue dans le milieu très fermé des différents fournisseurs asiatiques de ces deux géants.

Le positionnement d’Amazon est judicieux. La firme garde son modèle existant (dit “Kindle 2), équipé d’une connexion 3G et le propose simplement 10$ moins cher que le Nook WiFi+3G, soit 189$ (contre 259$ il y a encore quelques heures et 359$ il y a à peine plus d’un an). Pour rivaliser avec le Nook entrée de gamme, Amazon aurait été obligé d’enlever la connexion 3G du Kindle et proposer un produit au rabais dont l’expérience utilisateur aurait été inférieure. De plus, Amazon ne dispose pas de boutiques physiques, contrairement à B&N qui propose un accès WiFi aux utilisateurs du Nook dans ses librairies. Par conséquent, elle a profité des économies d’échelles réalisées sur son reader phare pour baisser son prix. A la différence du Nook, le Kindle est utilisable n’importe où sur la planète, un argument qui séduit les globe-trotters.

De plus, le catalogue disponible sur le Kindle Store reste le plus important : 600 000 titres accessibles aujourd’hui dont 109 des 112 bestsellers du New York Times. C’est aussi l’occasion de rappeler que même si modèle d’agence il y a, une bonne partie des ebooks sont encore vendus aux alentours de 9,99$ et en particulier les dernières sorties. La nouveauté est passée inaperçue mais Amazon semble aussi s’intéresser un peu plus aux contenus gratuits. Une nouvelle page regroupe tous les contenus gratuits proposés sur la boutique mais également ceux accessibles depuis d’autres sources comme le Projet Gutenberg ou Internet Archive. Au total, ce sont plus de 1,8 millions d’ouvrages référencés. Si vous optez pour le Kindle, vous aurez de quoi lire !

La concurrence va-t-elle suivre cette nouvelle cadence? Pas forcément. Trois acteurs font aujourd’hui des volumes suffisamment importants pour disposer de prix cassés à la conception, et donc permettant de proposer des readers performants et à bas prix : Amazon, Barnes&Noble et Sony. Le positionnement tarifaire des deux premiers vient redynamiser le marché et palier à un manque d’innovation. En revanche, la riposte d’Amazon pourrait bien se faire en deux phases car les rumeurs autour d’un nouveau reader (prévu d’ici septembre) se font de plus en plus insistantes. Du côté de Sony, on s’attend aussi à une baisse de prix mais qui n’arrivera qu’avec une nouvelle gamme de reader pour remplacer le PRS-300 et le PRS-600. En revanche, les autres fabricants de readers ne peuvent plus venir concurrencer ces trois géants, à court terme, car une guerre des prix est en train de s’enclencher sur les terrains des dispositifs de lecture et seul un volume de vente important permet de casser ses prix.

Avec une telle baisse de prix sur le Kindle (-30%), Amazon creuse l’écart avec l’iPad (499$ pour le modèle 16Go WiFi) et rend son produit encore plus attractif en ne troquant aucune des fonctionnalités qui ont fait le succès de son reader (écran E-Ink de qualité, connexion 3G avec accès à la librairie numérique etc.). Le Kindle, comme le Nook, sont de très bons produits dédiés à la lecture et risque de séduire à un bon nombre d’hésitants qui ne se retrouveront pas forcément dans les dernières tablettes multimédias. Et pour seulement 210€, toutes taxes et frais de ports compris, certains se demanderont sûrement pourquoi ils n’ont pas encore cédé à la tentation de lire les derniers bestsellers du NYT pour moins de 10 dollars…

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