Editeur :editions de l'Olivier - date de parution : 19/08/2010 - 232 pages intenses...
Quand j’ai trouvé dans ma boîte aux lettre, le nouveau livre d’Oliver Adam, j’ai effectué une sorte de danse Sioux ponctuée de « ahhhhhh, ohhhhh , génial ! ». J’espère que mon facteur était déjà reparti sur son scooter tonitruant et qu’il ne m’a pas vu dans cet état d’euphorie !
Car Olivier Adam un auteur que j’affectionne particulièrement. Comme je l’ai déjà dit, il décrit des gens à qui la vie fait un pied de nez, des personnes qui n’ont pas une vie linéaire avec en filigrane « tout est beau, tout est rose ».
Pour Sarah tout allait bien : mariée, deux enfants, une vie tranquille et aisée. Mais Nathan le frère dont elle était si proche est mort. Un frère qui a refusé de se couler dans le moule, alternant les périodes sombres, noires et celles où il retrouvait pied. Depuis que Nathan est mort en encastrant sa voiture dans un platane, Sarah se sent incomprise et de plus en plus prisonnière de sa « si parfaite » vie de famille. D’ailleurs, elle est persuadée que cet accident était un suicide. Elle décide de partir sur les traces de Nathan, au Japon, et s’installe dans un petit village connu pour une étrange raison : ce village est en effet le lieu d’élection de tous les candidats au suicide. Un homme, Natsume, arpente les falaises pour les dissuader de commettre l’irréparable. Nathan, avant son accident, prétendait avoir enfin trouvé la paix auprès de lui. Sarah a l’espoir de se rapprocher, une dernière fois, de son frère.
Mais il lui faudra plus qu’un voyage pour se réapproprier son histoire et reconnaître qu’elle s’est dupée elle-même. « Toutes ces années, je m’étais tellement échinée à me perdre, à me fondre dans le décor, à me noyer dans la masse. Je m’étais noyée tout court ».
Il y a d’abord l’écriture d’Olivier Adam, une écriture puissante qui nous submerge. Comme quand l’on se tient debout sur le sable et que l’on se prend des vagues fortes ou déstabilisantes qui nous font vaciller. On se ressaisit en attendant la prochaine plus tempétueuse ou plus calme, nous léchant seulement les mollets.
Il y a l’univers d’Olivier Adam mais dans le cœur régulier, il y a moins de noirceur et Sarah va comprendre qu’elle s’était cantonnée à ce qu’elle voulait voir. Une fois ses œillères enlevées, elle pourra prétendre à être heureuse.
Ntasume est le porte-parole d’une sagesse, d’une philosophie : « personne n’a envie de mourir. Tout le monde veut vivre. Seulement, à certaines périodes de votre vie, ça devient juste impossible ». Il va aider Sarah à ouvrir les yeux. Le Japon joue également un rôle, invitant à la méditation et à se retrouver soi-même.
Sans tout raconter le livre, à travers Sarah, Oliver Adam nous parle du monde du travail tel qu’il est : « si j’ai appris quelque chose du monde du travail, c’est qu’on y tolère mal les faibles, que tout faille doit être camouflée, toute fragilité niée, toute fatigue combattue et oubliée, qu’une part non négligeable de nous-mêmes doit être laissée au vestiaire, comme un costume qu’on renfilerait qu’une fois le soir venu ».
Un livre qui m’a scotchée d’émotions. J’ai lu en apnée totale cette histoire, le cheminement de Sarah, sa révolte et ses remises en question. Pas de pathos ou de mélo… Une fois de plus, j’ai pris en pleine figure des paquets d’émotions. Des vraies et sincères, des violentes ou des belles…
Ce livre traite de la capacité que l'on possède (ou non) à encaisser les coups durs de la vie, et comment on réagit selon sa propre sensibilité...
Un gros coup de cœur et je dis chapeau bas à Olivier Adam pour ce livre!
Je remercie les Editions de L’Olivier pour ce beau cadeau et cette lecture en avant-première.