créances non recouvrées.[1]
Cette recrudescence d’impayés s’accompagne d’une augmentation des provisions pénalisant les résultats financiers.
Quatre grandes banques françaises (BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole SA, BPCE) ont pu constater en 2009 une forte augmentation du coût du risque par rapport à 2008 (en moyenne +/-40%).
Afin de limiter l’augmentation du coût du risque, les banques doivent accentuer leurs efforts portant sur la gestion des dossiers à risques et ceux en défaut. Pour ce faire, les banques doivent agir sur l’ensemble du processus de crédit :
- Processus pré défaut : octroi et gestion du crédit (gestion administrative, suivi des engagements), les banques doivent prévenir le défaut et l’éviter au maximum.
- Processus post défaut : recouvrement et provisionnement, elles doivent mettre en place des mesures permettant de renforcer la fonction de recouvrement, afin d’optimiser la récupération des sommes dues lorsque le défaut survient.
Illustration : Chaîne de valeurs crédits
Amélioration du processus pré défaut
La réglementation baloise définit un défaut lorsque le débiteur dépasse 90 jours d’impayés consécutifs ou dès lors que la banque doit prendre des mesures appropriées telles que la réalisation de garanties. De ce fait, un impayé ne conduit pas forcément un passage au recouvrement.
Cependant, ces retards de remboursement des échéances d’un crédit sont coûteux pour les banques, ils se traduisent par un coût lié à l’immobilisation du capital. Le monitoring client constitue donc un enjeu essentiel pour les banquiers prêteurs.
En ce sens les banques de détail et les BFI ne sont pas logées à la même enseigne.
Les BFI disposent d’une documentation sur la base de publications officielles qui permettent de connaître la santé financière de l’entreprise de manière régulière. Par ailleurs, elles agissent en amont, dès l’octroi de crédit, pour faciliter le monitoring et assurer une couverture des risques optimum. Ainsi, lors des financements, le contrat de crédit comporte des clauses particulières de sauvegarde (covenants). Exprimées généralement sous la forme de seuils de ratios financiers à ne pas dépasser, les covenants permettent un suivi régulier du créancier. Un non respect de ces ratios peut conduire au remboursement total du crédit.
Les banques de détail ont plus de difficultés à agir en amont car elles ne disposent pas toujours des mêmes outils de suivi des risques. Par ailleurs le volume de clientèle ne permet pas un suivi individualisé aussi performant et systématique. Enfin, les enjeux financiers des opérations unitaires sont souvent plus importants au niveau des BFI, les outils KYC (Know Your Customer) y sont souvent beaucoup plus performants.
Un effort de renforcement de la prévention des risques de contreparties devrait donc prioritairement être porté au niveau de la banque de détail. Afin d’être plus performantes dans le suivi clientèle, les banques doivent améliorer leurs outils KYC et adapter les systèmes d’informations permettant de garantir une meilleure traçabilité et connaissance du client.
Dans le cadre du suivi des clients en difficulté, les banques doivent pouvoir également gérer de manière plus dynamique le choix des solutions de gestion des dossiers pré-défaut qui s’offrent à elles : rachat de crédits, cession de créances…
Et lorsque malgré ces dispositions, le passage au recouvrement est inévitable, il est doit être géré au mieux afin de récupérer les sommes dues.
Renforcement de la fonction recouvrement
Aujourd’hui, les banques ont recours à trois modes de recouvrement différents : le recouvrement en interne, l’externalisation et la cession de créances.
Selon les montants à récupérer, le volume de dossiers à traiter et la rentabilité frais du recouvrement/récupérations les banques priorisent un mode plus qu’un autre.
L’internalisation du recouvrement est utilisée lorsque le montant du recouvrement est important. Cette méthode à l’avantage de permettre aux banques de garder un lien de proximité avec ses clients (fidélisation du client) et de proposer des solutions adaptées selon leurs situations. Elles doivent être capables d’identifier les différents types de débiteurs, et donc de distinguer les mauvais payeurs des clients temporairement en difficulté. Dans ce cas aussi, une bonne connaissance client s’impose afin de pouvoir proposer un rééchelonnement de dette aux bons clients.
L’externalisation est priorisée par les banques pour traiter un volume important de dossiers d’impayés homogènes et de montants moindre. Des sociétés externes sont mandatées par les banques afin de procéder au recouvrement pour leur compte moyennant une commission en fonction du montant recouvré.
Lorsque les banques estiment que la rentabilité du recouvrement devient négative, c’est-à-dire que les frais de recouvrements (internes ou externes) sont supérieurs à l’estimation des récupérations, elles font appel à la « cession de créance ». Des établissements spécialisés (exemple : Coface, Credirec…) vont racheter l’ensemble de ces créances afin d’industrialiser leurs traitements et permettre une meilleure rentabilité.
L’externalisation nécessite une optimisation des systèmes d’informations internes. A cet effet, les banques doivent mettre en place des moyens permettant une bonne gestion des dossiers qui seront transférés aux sociétés externes afin de faciliter les échanges de dossiers et conserver une traçabilité de chaque dossier.
Quel que soit le mode de recouvrement appliqué, le recouvrement à l’amiable est priorisé limitant les procédures judiciaires qui peuvent être longues et très coûteuses et préservant au mieux la relation commerciale.
Avec l’augmentation en cours du contentieux, l’activité de recouvrement devra, plus que jamais, être considérée comme un prolongement de la relation clientèle. Elle devra ainsi être traitée avec la contrainte de protéger cette relation et de garantir les futures relations d’affaire.
Cette vision implique donc de prendre en compte cette possible fin des contrats dès l’octroi, et également de connecter au mieux les outils de recouvrement sur les outils de CRM et de KYC.
Au-delà des gains de capital règlementaire à moyen terme, l’enjeu d’activité à long terme est réel. Seuls ceux qui auront mis sur pied un process global, fluidifié, éventuellement par le recours à la cession de créance, pourront maintenir le fil du dialogue avec les clients et ainsi défendre leurs valeurs de proximité.
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