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"Allez les Bleus !" au collège...

Publié le 22 juin 2010 par Sheumas

Il est des moments où la Littérature colle à la réalité... Dans « L’Organisme » il y a une partie consacré aux formes d’indiscipline au collège. Elle a été écrite l’an dernier, bien avant la déroute des Bleus... Son titre : « les 17 plaies »... Voici l’une de ces « 17 plaies », elle est d’une cinglante vérité car, aujourd’hui dans les couloirs et dans les classes, ça parlait encore plus de foot !

Plaie VI

Parler à tort et à travers du foot

« Allez les Bleus !... »

Jérémy Chanteclerc n’a pas encore la crête sur le crâne et il monte volontiers sur ses ergots, mais ce matin, il a franchi un seuil dans le poulailler… Le poitrail bombé, il a enfilé un tee-shirt Coq Sportif flambant neuf et il agite les rangs à propos du match de la veille au soir.

« On n’a pas été très bons ! Mais il nous reste une petite chance ! Faut nous soutenir ! ».

Dans l’espace du couloir, au moment d’entrer en salle, l’œil préoccupé, il cultive sa dignité et campe sur ses deux pieds, comme sur sa position, avec des airs d’arbitre. L’heure a sonné, il consent à laisser passer tous les autres. Il n’a pas de sifflet entre les dents, mais il geint par intermittences.

Pendant la première partie du cours, il a la tête dans les poings. Télécharge le film du match. Son pied sous le bureau tire dans la lucarne de la mémoire. Son doigt tambourine sur le bois du bureau.

Puis tout ça finit par lui monter à la tête ! Il s’agite, le cahier est une banderole, le stylo un carton jaune. Coup d’épaule à gauche, coup d’épaule à droite, coup de sifflet. Boulette de papier, shoot ! Premier avertissement :

« Qui a osé ? ».

C’est de notoriété publique, Chanteclerc excelle dans l’art du dribble !

J’ai le poil dressé et une montée d’adrénaline ! Je fais quoi ? Je botte en touche ou je tire au but ?

« Monsieur, vous avez vu le match d’hier ? ».

Il dit ça avec son air piqué à la Domenech.

« Chanteclerc, j’en ai assez que vous nous ennuyiez avec ça ! Vous descendez chez les surveillants et je remplis un rapport ! »

Doménech ne se contrôle plus ! Il saisit son « cartable », une poche sur lequel il a peint un liseré bleu blanc rouge. La salle est un stade. Il souffle, cherche l’inspiration, la trouve sur le drapeau de ses baskets, lève les bras au ciel, incline le torse et quitte le terrain en petite foulée sous les rires et les bravos des supporters. Je le rappelle :

« Quand vous aurez fini de vous donner en spectacle !... »

Je finis de rédiger le rapport et demande au délégué de l’accompagner.

« Monsieur, vous n’avez qu’à écrire : « Allez les Bleus ! » sur votre rapport !... Qu’au moins, ça serve à quelque chose ! » 


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