PRIX EMMANUEL ROBLES ET JEAN GIONO, 2003
Editions Zulma, 2002
Voici le premier roman de Stéphane Héaume qui, depuis, s'est fait connaître comme une voix singulière, mêlant fantastique et onirisme.
Le clos Lothar est une fable fantastique en même temps qu'un conte politique : l'auteur nous plonge dans une dictature où les artistes sont chassés ou condamnés à mort. Ils n'ont plus le droit d'écrire, de danser, de dessiner...
Le jeune écrivain Baptiste doit subir la censure. Ayant perdu sa raison de vivre, il s'apprête à se suicider. Il se rend dans une auberge "dissidente" où un vieil homme l'emmène dans un mystérieux passage. Il va bientôt découvrir une mystérieuse cave où s'entreposent des flacons d'encre de toutes les couleurs...
Ravissement total du héros...A l'instant même, les milices du Prince Sterpu pénètrent dans l'auberge. Baptiste reconnaît une connaissance d'antan, Lothar, un ancien danseur.
Ils vont s'enfuir tous les deux dans le repaire caché de Lothar...le Clos du même nom. Imaginez un vieux galion échoué sur une île, épave sauvée des eaux suite au réchauffement climatique. Les champs alentours, très fertiles donnent une vigne très spéciale : le vin est en fait de l'encre...
Un écrivain prêt à tout pour vivre de sa plume, un ex-danseur boiteux, une gitane mystérieuse et derrière tout ça, une vieille femme, peut-être morte, peut-être vivante.
Dans ce décor féerique, les passions et les destins vont se noués. On pense à Julien Gracq mais aussi à la Carmen de Mérimée. Amours incompris, destins brisés, lutte pour la liberté, mystère des personnages. Dans un style littéraire très musical, mêlant à la fois les longues phrases et les instantanées, Stéphane Heaume écrit une épopée politique célébrant la liberté de l'artiste.
Dans un rêve éveillé, les personn,ages partent vers une destinée, une destination inconnue...Et le lecteur se souvient longtemps de ces vignes d'encre, ces hordes de loups, ces chants de gitans et de ce galion surgit de nulle part.